Après le médecin traitant, voilà la sage-femme référente. Le décret publié le 9 novembre précise les modalités de désignation de cette profession par les femmes enceintes à l’Assurance-maladie, une possibilité actée par la loi du 26 avril 2021. Le principe est le suivant. « À compter de la première constatation médicale de la grossesse et au plus tard avant la fin du cinquième mois de grossesse », la parturiente peut déclarer à sa caisse primaire le nom de la sage-femme référente choisie, avec l'accord de la professionnelle. Tout comme pour le médecin traitant, l'assurée peut à tout moment, pendant cette période, changer de sage-femme référente en effectuant une nouvelle déclaration.
Selon le décret, reprenant l'avenant 6 signé entre l’Assurance-maladie et l'un des syndicats représentatifs de la profession (Union nationale des syndicats de sages-femmes françaises) fin 2022, l’une des missions clés de ces référentes est d'assurer « la coordination des soins de l'assurée en lien avec le médecin traitant, pendant et après la grossesse », en l'informant notamment des rendez-vous du parcours de grossesse, du suivi postnatal et du suivi médical du nourrisson.
Elle est aussi chargée de réaliser la majorité des rendez-vous du parcours de grossesse et d'assurer un rôle de prévention tout au long de ce parcours et de coordination avec la maternité pour organiser et réaliser le suivi à domicile après la sortie de maternité. Pour ces missions, la sage-femme référente touchera une rémunération de 45 euros par grossesse.
Perte de sens
Ce nouveau statut longtemps revendiqué par les sages-femmes est accueilli mollement par les médecins libéraux. Le président des Généralistes-CSMF, le Dr Luc Duquesnel, pointe l'absence de coordination avec les sages-femmes au quotidien. « Si le décret permet d'améliorer le lien entre le médecin traitant et la sage-femme, alors ce sera une bonne chose, affirme-t-il. Car aujourd'hui, même sur un territoire organisé comme le nôtre, l'une des professions où il y a peu de retours d'informations, c'est celle des sages-femmes ».
Du côté de MG France, le secrétaire général adjoint, le Dr Jean-Christophe Nogrette reconnaît que « si c'est pour mieux suivre les patientes qu'elles prennent en charge, pourquoi pas ! Mais il ne faut pas que cela soit des gynécologues bis. On verra la tournure que cela va prendre », prévient-il. Depuis plusieurs mois, l'extension des compétences de plusieurs professions (pharmaciens, infirmiers, kinés, sages-femmes), volontiers promu par les parlementaires, mécontente fortement les syndicats de médecins libéraux. Le Dr Nogrette met en garde contre « le risque de perte de sens de la fonction du médecin généraliste traitant, surtout à l'heure où la profession se féminise et où beaucoup de nos jeunes consœurs pratiquent de la gynécologie ».
Dernièrement, le SML avait pointé dans un communiqué, à l'occasion de l'examen parlementaire de la PPL Valletoux, « la volonté gouvernementale de faire disparaître les spécialités de pédiatrie et de gynécologie médicale au but de satisfaire les appétits des sages-femmes dont 95 % ont choisi ce métier après avoir raté médecine ». Des propos jugés « calomnieux » par l'Union nationale et syndicale des sages-femmes (UNSSF).
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