Plus unis que jamais ! Le front commun de la biologie médicale privée et publique qui s’est constitué au cœur de l’été, ne décolère pas. Dans un communiqué publié ce lundi 19 août, les syndicats privés et publics* de la spécialité (SNMB, Biomed, FNSPBHU, SNBH, SDBio, SLBC, SNMB-CHU) interpellent à nouveau l’Assurance-maladie, l’accusant de mettre « en péril » à la fois la biologie hospitalière et libérale. Dans le collimateur des syndicats fortement remontés ? La Cnam qui menace de baisser à nouveau de « 9,4 % » les tarifs du secteur, dès septembre 2024, pour une économie estimée à 360 millions d’euros par an (soit 120 millions sur les quatre derniers mois de cette année).
La Cnam fait la sourde oreille
L’Assurance-maladie reste sourde au cri d’alerte des biologistes médicaux des secteurs libéral et hospitalier en affirmant que le protocole d’accord signé le 23 juillet 2023 doit être appliqué brutalement, sans recourir à des ajustements ou clauses de sauvegarde présente dans le protocole. Alors que les estimations données par la CNAM elle-même lors de la signature, étaient gravement faussées dans des proportions colossales pour les années 2022, 2023, dénoncent les syndicats de biologistes.
Ces derniers jugent inacceptable, « la volonté de procéder à des baisses unilatérales, sur des estimations erronées des dépenses, et alors que les modalités de vote d’une quelconque baisse n’ont pas été respectées ». Un recours a déjà été déposé au tribunal administratif de Paris. Par ailleurs, « nous avons programmé une réunion entre nous demain pour décider des prochaines mesures à adopter », confie le Dr Jean-Claude Azoulay, président du Syndicat national des biologistes médicaux.
Épreuve de force à prévoir ?
« Aujourd’hui, les liens de confiance avec la Cnam sont rompus et les relations conventionnelles plongées dans un abîme incertain », déplorent les syndicats de biologistes libéraux et hospitaliers. Pour autant, le Dr Azoulay veut croire à une possible reprise des discussions. Même si, pour l’instant, « nous n’avons toujours pas eu de contact direct avec la Caisse et son directeur général, Thomas Fatôme. Mais ce sont encore les vacances… », poursuit le chef de file du SNBM, qui n’écarte pas, faute d’un accord, la réelle possibilité d’un « shutdown » (arrêt complet d’activité) de la filière d’ici la fin d’année. La biologie médicale ne peut pas financer seule l’accroissement des examens biologiques qui sont prescrits, et qui est en lien avec le vieillissement de la population et les progrès médicaux, développe le communiqué syndical commun.
« Si le DG de la Cnam veut aller à l’épreuve de force, ce n’est pas ce que nous souhaitons, mais nous y sommes prêts », avertit Jean-Claude Azoulay. Sans ouverture d’une discussion avec l’Assurance-maladie qui prenne en compte la réalité des chiffres, des actions dures et pérennes seront engagées, confirment l’ensemble des leaders syndicaux de la profession.
* Syndicat national des médecins biologistes (SNMB), Les Biologistes médicaux (Biomed), Fédération nationale des syndicats de praticiens biologistes hospitaliers et hospitalo-universitaires (FNSPBHU), Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH), Syndicat des biologistes (SDBio), Syndicat des laboratoires de biologie clinique (SLBC), Syndicat national des médecins et biologistes des CHU (SNMB-CHU)
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