Pour la troisième fois en quelques semaines, l’union syndicale* des biologistes médicaux, libéraux et hospitaliers, conteste vigoureusement l’annonce d’une nouvelle baisse drastique de près de 10 % des tarifs des actes de biologie. Mais la tension monte d’un cran. « Nous appelons à un mouvement de fermeture des laboratoires du vendredi 20 septembre au lundi 23 septembre inclus, reconductible », annoncent, toujours soudées, les organisations syndicales ce mercredi 28 août.
La population est désormais prise à témoin. L’Assurance-maladie, clament les syndicats, ne prendra plus en charge les examens biologiques courant décembre 2024, dès lors que l’enveloppe budgétaire dédiée à la biologie médicale aura été consommée. Autrement dit, un « shutdown, imposé de facto par la Cnam, avec fermeture totale des laboratoires, probablement vers la mi-décembre, lorsque cette enveloppe de biologie sera épuisée ». La Cnam est ainsi accusée de « vouloir briser la filière du diagnostic biologique » des secteurs libéraux et hospitaliers en France.
Le conflit n’est pas nouveau. Le secteur accuse la Cnam de vouloir baisser unilatéralement les tarifs des actes de près de 10 % en septembre (360 millions d’euros en année pleine), alors que près de 11 % de baisse ont déjà été subis sur les deux dernières années. Une politique « contraire au protocole signé en juillet 2023 entre la Cnam et les syndicats », insistent ces derniers. Et qui fait fi des clauses de sauvegarde présentes dans le protocole signé en 2023.
Si l’arrêté actant la baisse de 10 % de nos tarifs voit le jour, nous n’aurons plus les moyens de rester ouverts
Dr Lionel Barrand (Biomed)
« Ce qui risque de se passer c’est que si l’arrêté actant la baisse de 10 % de nos tarifs voit le jour, nous n’aurons plus les moyens de rester ouverts », affirme le Dr Lionel Barrand, président du syndicat Les Biologistes médicaux (Les Biomed). Avec pour conséquence de saturer les hôpitaux alors que « justement, nous voulons alléger la charge de nos confrères hospitaliers », plaide-t-il. Pour mémoire, environ 7 000 médecins biologistes exercent dans le secteur privé.
Si la spécialité ne conteste pas l’augmentation des volumes d’examens – même si elle récuse son ampleur et accuse la caisse d’avancer des chiffres erronés – elle réclame un partage « juste et équitable » avec l’Assurance-maladie. Contactée par Le Quotidien, la Cnam n’était pas en mesure de nous répondre ce mercredi.
* Syndicat national des médecins biologistes (SNMB), Les Biologistes médicaux (Biomed), Fédération nationale des syndicats de praticiens biologistes hospitaliers et hospitalo-universitaires (FNSPBHU), Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH), Syndicat des biologistes (SDBio), Syndicat des laboratoires de biologie clinique (SLBC), Syndicat national des médecins et biologistes des CHU (SNMB-CHU)
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre