Relaxe pour le Dr Mathias Wargon, jugé en correctionnelle pour diffamation contre « France Soir »

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Publié le 16/06/2023
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Crédit photo : S.Toubon

« Je suis très content d’avoir été relaxé. Cela signifie que l’on peut dire que « France Soir » fait de la merde ! » Contacté ce vendredi par « Le Quotidien », le Dr Mathias Wargon qui avait été jugé en correctionnelle le 13 avril par le tribunal judiciaire de Paris, assigné en diffamation par le directeur de « France Soir », Xavier Azalbert, a été relaxé ce vendredi. Ce dernier lui reprochait ses propos « diffamatoires » et « injurieux » tenus sur le plateau de l'émission Polonews sur « BFM TV » le 2 septembre 2021. 

Le débat télévisé était longuement revenu sur une tribune qui évoquait la gestion de la pandémie, signée sur le site « France soir » par un « médecin résistant ». Virulente, la tribune s’achevait par ces phrases :« Un procès devra se tenir. La Veuve s’impatiente. » L’emploi de l’expression la Veuve, surnom de la guillotine, avait suscité l’émoi chez les médecins, dans un contexte où de nombreux soignants subissaient des menaces de mort.

Suite à ce débat, Xavier Azalbert avait reproché au chef des urgences de l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis de l’avoir dépeint comme un individu dangereux et irresponsable qui avait racheté le journal pour véhiculer des thèses conspirationnistes à connotation antisémite. Des propos jugés « diffamatoires » et « injurieux » par le plaignant qui a finalement été débouté de toutes ses demandes.

Jugements de valeur

Contacté ce vendredi par « Le Quotidien », Me Tiphaine Mary, avocate du Dr Wargon, concède que les propos de son client étaient « très péjoratifs » et « présentaient à l’évidence un caractère grossier ». Mais le tribunal a estimé que les avocats de la défense « avaient raison quand on a expliqué qu’il s’agissait de jugements de valeur qui devaient être protégés, car les critiques de Mathias Wargon ne sortent pas de nulle part », précise l’avocate. Par exemple, « les expressions qui étaient visées comme "ils font de la merde" étaient grossières mais pas illégales », poursuit l’avocate.

D’autre part, ces jugements de valeur « se rattachaient à l’imputation d’aucun fait précis susceptible de preuve », ajoute sa consœur, Me Laura Ben Kemoun, spécialiste du droit de la presse. Selon elle, le tribunal « a considéré qu’on était sur de la divergence, qu’on n’allait pas poursuivre et censurer tous les médecins qui ne sont pas d’accord avec vous ». Plus important, selon l’avocate, « les juges ne se sont pas laissés instrumentaliser par une procédure bâillon qui a vocation à censurer des personnes qui ont des opinions divergentes et qui osent prendre la parole. »

« France Soir n’a pas réussi à nous faire taire »

Pour les avocates du Dr Wargon, cette décision est aussi une bonne nouvelle pour les médecins qui sont régulièrement menacés quand ils interviennent sur les plateaux. « Cela leur permettra d’aller plus sereinement faire valoir un contrepoids scientifique face à des antivax ou des personnes qui désinforment », se réjouit Me Mary. De son côté, le Dr Wargon considère que « France Soir n’a pas réussi à nous faire taire et à nous faire peur. Malgré les pressions sur internet et les menaces reçues, je continuerai à parler de médecine normalement sur les plateaux. »

À l’avenir, il aimerait aussi que la justice « s’attaque à tous ceux qui excitent les personnes qui profèrent des menaces de mort. Ils sont plus intelligents que ces derniers, ils ne nous menacent pas de mort directement, mais ils laissent les autres le faire à leur place… ».


Source : lequotidiendumedecin.fr