Les récentes enquêtes l’ont montré, les professionnels de santé aussi traversent une crise de la représentativité. Dans notre concertation organisée à l’occasion du Grand Débat, plus de la moitié des généralistes (52,2 %) estimaient ainsi ne pas être bien représentés par les syndicats professionnels. Invité ce mercredi du Café Nile pour parler de l’action des syndicats médicaux dans la transformation du système de santé, le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), a reconnu les difficultés à porter sur le terrain les décisions négociées avec les autorités. « Quand nous organisons des réunions sur le terrain, il y a trois pelés et un tondu. Les médecins de terrain ont l’impression qu’on ne les écoute pas là-haut », explique-t-il.
Protocolisation à outrance
Le généraliste de Clamart dénonce notamment le trop-plein de protocolisation qui augmente la fracture entre la tête et la base. Le Dr Hamon prend comme exemple les missions adossées aux équipes de soins primaires, sans cesse plus nombreuses : « Il faut élaborer des programmes d’éducation thérapeutique, réaliser des actions de prévention, mettre en œuvre des protocoles pluriprofessionnels, des réunions de concertation en présence des patients, établir des plans de soins pour les patients complexes etc. Quand est ce qu’on soigne le mec ? ». Cette suradministration de la santé est très mal perçue sur le terrain. « La protocolisation à tous les étages n’est pas entendable pour le médecin qui travaille déjà 55 heures », souligne le Dr Hamon.
Cette déconnexion rend difficile le travail des syndicats à destination des médecins. « On se demande si ce n'est pas un plan est idéal pour laminer la représentation syndicale. Quand je suis en négociation conventionnelle, je me dis : "quand tu vas revenir vers ta base, c'est le massacre assuré" », affirme le syndicaliste à la veille de deux séances de négociation importantes sur les assistants médicaux et les CPTS, pour lesquelles il ne voit pas pour l’instant de porte de sortie.
Trop de syndicats ?
Malgré ces dysfonctionnements, le président de la FMF demeure persuadé que les syndicats ont toujours un rôle crucial à jouer. « Si tu veux défendre les confrères il faut être présents dans les commissions paritaires », analyse-t-il. Pour celà, il faut être signataire de la convention et de ce fait percevoir l’argent du fonds conventionnel. Le président de la FMF a toujours joué la carte de la transparence sur le financement de son syndicat. « En 2011, j’ai révélé les sommes qui nous étaient versées », rappelle le Dr Hamon. La subvention annuelle s’élève à 2,7 millions d’euros répartis entre les syndicats signataires pour la convention en cours. « Cet argent-là est vite dépensé, il ne nous donne pas les moyens d’avoir des juristes, un vrai secrétariat ou une vraie communication », explique Jean-Paul Hamon.
Le nombre important de syndicats de médecins peut aussi être une faiblesse, reconnaît également le leader de la FMF. « J’aimerais que chacun comprenne qu’on défend l’exercice de la médecine libérale et ce serait bien qu’on retrouve un peu des forces », confie-t-il. Mais la crise de foi des médecins n’atteint pas pour l’instant le généraliste de Clamart. Il continue de croire que des solutions et des moyens existent pour permettre aux médecins de travailler correctement. « C’est pour ça que je continue à faire du syndicalisme malgré mes 72 ans », conclut-il.
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