CARMF

Maudrux fait adopter sa « retraite à la carte », vives critiques des syndicats

Publié le 29/04/2014

Crédit photo : GARO/PHANIE

La « retraite à la carte » chère à Gérard Maudrux est en train de relancer la guerre entre la CARMF, d’une part et les syndicats CSMF et MG France de l’autre. Samedi 25 avril, le conseil d’administration de la Caisse de retraite des médecins libéraux a en effet adopté une réforme assez technique, mais qui enflamme à nouveau le débat, même s’il faut qu’elle soit encore avalisée par le ministère des Affaires sociales pour entrer en application.

Maudrux défend une réforme "novatrice"

En pratique, il s’agit de changer les règles du jeu pour le bénéfice de la retraite complémentaire actuellement fixée à 65 ans pour partir avec le taux plein, avec une décote de 5% par an en deçà de cet âge. A la place, la réforme CARMF se propose d’organiser un taux plein dès 62 ans comme dans le régime de base , mais minoré de 15% par rapport à la retraite complémentaire actuelle à 65 ans. En contrepartie, la CARMF prévoit de bonifier ensuite de 5% les pensions des médecins pour chaque année cotisée au-delà de 62 ans dans le régime complémentaire. Explication du président de la CARMF : « Dans le régime complémentaire, vous partez aujourd’hui à 65 ans avec 100% de votre retraite, rien de plus si vous repoussez l’échéance et 85% seulement si vous arrêtez à 62 ans. Demain, vous aurez la totalité dès 65 ans -mais calculé à 85% de l’actuel taux plein- et 5% de plus par année travaillée au-delà, soit +15% à 65 ans, + 25% à 67 ans et au-delà + 3% comme dans le régime de base. »

CSMF et MG dénoncent une "pénalisation" des médecins

Les adversaires du président de la CARMF (fort peu représentés au sein de son conseil d’administration, où seules deux voix se sont prononcées contre le projet) dénoncent derrière cette entreprise une pénalisation inacceptable des médecins. La CSMF stigmatise ainsi « un marché de dupe » : « quand on réduit de 15% le montant de la retraite à 62 ans par rapport à 65 ans, pour l’augmenter ensuite de 5% par année travaillée, mais sur ce montant réduit, on ne récupère pas à 65 ans les 15% perdus », objecte le syndicat de Jean-Paul Ortiz. Chez les généralistes de la CSMF on a aussi fait travailler la calculette et le compte n’y est pas pour l’UNOF : « La bonification de 5% par an instaurée par la réforme pour tout départ à partir de 62 ans au lieu d’une pénalisation de même taux pour tout départ avant 65 ans n’est pas équivalente : pour retrouver le même montant de retraite, les médecins devront travailler plus longtemps, » décrypte Luc Duquesnel. Pour le président de l’UNOF, la CARMF ne propose finalement rien d’autre que « de faire passer l’âge de la retraite à taux plein pour les médecins de 65 à 66 ans, alors qu’il est en général à 62 ans pour les autres professions ! »

Temps perdu ?

A la CSMF, comme à MG France, on accuse par ailleurs Gérard Maudrux de maquiller le déficit du principal régime de retraite des médecins (44% des pensions perçues) sous couvert de mettre en place une « retraite à la carte ». MG en veut particulièrement au président de la CARMF d’avoir volontairement perdu du temps. Et le temps, c’est de l’argent… « A son arrivée à la tête de la CARMF, Gérard Maudrux a stoppé la réforme du régime complémentaire initiée en 1996. Elle aurait permis d’éviter les difficultés de ce régime qui est passé dans le rouge en 2014 et dont les réserves seront épuisées en 2031. A l’époque, la voie qu’il avait choisi était démagogique avec un blocage beaucoup trop long du niveau des cotisations. Une nouvelle fois les médecins vont devoir payer cette démagogie, » souligne le syndicat de Claude Leicher, qui rend Gérard Maudrux « seul et unique responsable » de la situation du déséquilibre du régime complémentaire.

Pour sa part, Gérard Maudrux ne disconvient pas de ce déséquilibre. Mais il vante « une réforme très novatrice » qui en alignant les droits du régime complémentaire sur celui du régime de base permet d’éviter des hausses de cotisations dans le régime complémentaire qui, sinon devraient se monter, selon lui, à un surcoût d’environ 6% de cotisations pour assurer l’équilibre du régime. « De toute façon il fallait faire quelque chose. Cette réforme permet de ne pas toucher aux retraites et aux cotisations », martèle-t-il.

Qui va trancher ?

Entre la CARMF et les syndicats, cette nouvelle dispute ne fait que commencer, car la balle est maintenant dans le camp des pouvoirs publics. La CSMF exhorte la CARMF à engager « une vraie concertation avec l’ensemble des acteurs, en particulier les syndicats médicaux », afin d’envisager « une solution raisonnable préservant l’avenir de la retraite complémentaire de tous les médecins. » Mais de son côté, Gérard Maudrux n’y semble pas du tout disposé. : « on en a parlé pendant deux ans au conseil d’administration. Ils n’ont qu’à se faire élire ! Le problème c’est qu’ils n’y ont pas réussi », tacle-t-il, arguant que « la démocratie, c’est avec des élus. Pas avec des gens qui représentent moins de 10% des médecins libéraux. »



Source : lequotidiendumedecin.fr