Pontarlier invente un cabinet médical éphémère pour répondre à la désertification médicale

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Publié le 08/10/2017
Cabinet médical éphémère

Cabinet médical éphémère
Crédit photo : DR

À problème durable, solution éphémère ? Après le départ de neuf médecins généralistes en deux ans à Pontarlier (Doubs), Stéphane Attal (photo), élu URPS et Président de Les Généralistes-CSMF en Bourgogne-Franche Comté a eu l’idée de lancer un cabinet médical éphémère dans la commune. L’établissement ouvrait ses portes lundi 2 octobre.

Installés dans les locaux d’un ancien cabinet médical, racheté par la Mairie de Pontarlier, cinq généralistes se relaient du lundi au vendredi pour assurer huit heures de consultations. À la différence d'une expérience similaire à Laval, trois des médecins sont encore en activité dans la région. Les deux autres sont à la retraite.

Pour convaincre ses quatre confrères de donner de leur temps, Stéphane Attal s'est assuré que le seul investissement à consentir soit celui de temps médical. Côté logistique, les locaux sont prêtés gracieusement par la Mairie au titre du service rendu à la commune par le cabinet. Laquelle prend également à sa charge les frais de fonctionnement de celui-ci.

Pour l’aspect médical, qu’il s’agisse du matériel ou du logiciel de travail, les acteurs locaux de santé se sont montrés conciliants. A titre dérogatoire, l'Ordre a accordé la possibilité aux médecins volontaires d'être remplacés sur leur site d'exercice principal. L'ARS a octroyé à l’URPS une enveloppe budgétaire dédiée au cabinet. Stéphane Attal, qui exerce en cabinet à Saône (à 60 kilomètres de Pontarlier), a également obtenu de l’ARS le remboursement des frais de transport des volontaires et surtout une garantie de revenus d’un équivalent de 24 consultations sur rendez-vous par jour. Si la fréquentation est inférieure, l’ARS compense.

Seul garde-fou financier : si l'enveloppe accordée à cette garantie de revenus est épuisée avant les trois premiers mois du cabinet éphémère, alors l'expérience cesserait. Pour l’instant on en est loin, « l’agenda de cette semaine était plein, celui de la prochaine l’est aussi et pour celle d’après on a déjà rempli plus de la moitié de l’agenda », confie Stéphane Attal.

Une fin programmée

« Les patients étaient plus qu’enchantés, ils nous ont accueillis comme on leur avait apporté de l’or sur un tapis », raconte-t-il encore. Quant aux généralistes des alentours, le Dr Attal assure avoir élaboré ce projet avec eux, après leur avoir expliqué que ses confrères et lui n'étaient pas des "mercenaires". « Ils étaient surpris au début puis, après explication, ils se sont dits : "on va bien voir" » explique-t-il. Et d'estimer que "c'est aussi grâce à eux qu'on a pu remplir l'agenda".

Si le succès est au rendez-vous pour le moment, il est convenu que l'aventure s'interrompe au plus tard au premier semestre 2019 avec la concrétisation annoncée d'une maison médicale à Pontarlier où deux jeunes généralistes devraient exercer. Le cabinet fermerait également ses portes si deux généralistes décidaient de s'installer dans la commune avant cela.

Avec Les Généralistes-CSMF, le docteur Attal réfléchit déjà à des projets similaires dans la région, persuadé que "ce genre de petits projets pourraient être mis en place dans pas mal d’endroits en France et remédier à la désertification médicale…"


Source : lequotidiendumedecin.fr