Près d'un généraliste sur deux refuse d'être médecin traitant de nouveaux patients

Par
Publié le 21/11/2019
.

.
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

La pénurie de médecins généralistes joue sur l'accès à un médecin traitant. Une enquête menée en juin dernier par Que Choisir auprès de 2 770 généralistes dans toute la France, révèle que 44 % des praticiens interrogés anonymement par les bénévoles de l'UFC-Que-choisir refusent d'être le médecin traitant de nouveaux patients. 9 % déclarent vouloir d'abord voir le patient avant de se décider et le reste a répondu positivement. Les écarts entre les régions sont cependant importants. Moins de 20 % des médecins de famille refusent des patients dans le Bas-Rhin (15 %), les Pyrénées-Atlantiques (18 %) ou encore Paris (20 %). À l’inverse, d'autres départements enregistrent des taux de refus très importants. C'est le cas en Seine-et-Marne (86 %), en Ardèche (88 %) et en Sarthe (92 %). 

Le premier motif avancé par les professionnels qui refusent de nouveaux patients est que leur patientèle est déjà trop importante (71 % des interrogés). 14 % arguent un départ prochain à la retraite. Que Choisir précise que les plus grandes difficultés d'accès à un médecin traitant ne se trouvent pas là où l'on pourrait l'imaginer. Ainsi, elles ne se situent pas dans les déserts médicaux les plus en tension mais « en périphérie des communes moyennes ». Le taux de refus est de 33 % dans les villes de moins de 3 000 habitants, de 34 % dans les communes de plus de 100 000 âmes et de 52 % dans les villes moyennes, de 10 000 à 100 000 habitants.

La périphérie des villes moyennes particulièrement touchée

« Les refus sont moins nombreux quand l’offre de généralistes est nettement insuffisante (39 % de refus en moyenne) que dans les territoires où la densité est dans la moyenne (46 %) », analyse Que Choisir. « Ainsi, tout se passe comme si les médecins présents dans les zones rurales, sachant que les usagers sont privés d’alternative, avaient davantage de réticence à refuser des patients (...). À l’inverse, dans les déserts médicaux des villes moyennes, la présence de confrères, bien qu’en nombre insuffisant pour répondre aux besoins de la population, semble déculpabiliser les praticiens », poursuivent les enquêteurs.

Une récente enquête BVA pour France assos santé publiée cette semaine sur les refus de soins révélait que 5 % des Français interrogés n'ont pas de médecin traitant, dont 32 % (soit 2 % au total) car ils n'ont pas trouvé de médecin acceptant d'être leur médecin traitant. Dans un rapport rendu en 2018 à Agnès Buzyn sur l'accès aux soins, les auteurs, parmi lesquels la généraliste Dr Sophie Augros, écrivaient que l'Assurance maladie « estime que 8,6 % des assurés de plus de 16 ans n’ont pas de médecin traitant aujourd’hui, même si certains bénéficient d’un médecin traitant fictif dans les bases » de la Cnam.

Nouvelle pression sur la liberté d'installation

En conclusion de son enquête, l’UFC-Que Choisir presse les pouvoirs publics à agir enfin pour résorber les déserts médicaux et invite les parlementaires à adopter le « conventionnement territorial des médecins », qui « amènerait les professionnels de santé à exercer là où sont les besoins de la population ». Une énième proposition de loi contre la désertification médicale doit être examinée mercredi prochain à l'Assemblée. L'association demande par ailleurs à la Ministre de la Santé de « mettre fin à la pénalisation financière des usagers sans médecin traitant, devenue inique dans les nombreux territoires en pénurie de médecins » et d'organiser en urgence « un système de désignation d’un médecin traitant à chaque usager qui en ferait la demande ».


Source : lequotidiendumedecin.fr