Ça chauffe à Roanne, dans la ville où a longtemps exercé le fondateur de MG France, Richard Bouton. "Mouvement spontanée, avec un ras-le-bol partagée; nous sommes un territoire très déficiaire" : le Dr Lisa Otton, médecin généraliste à Roanne diganostique ainsi le mouvement de grève, qui devrait voir un grand nombre de cabinets médicaux de la ville être fermés les 18, 19 et 20 Mai prochains. Selon elle, il y a "une absence de valorisation du métier de généraliste" et des problèmes administratifs sont trop longs et trop compliqués à gérer et qui ne permettent pas d’exercer correctement. Cependant, l’élément déclencheur, "la goutte d’eau qui a fait déborder le vase" dans ce département de la Loire est la loi de santé de Marisol Touraine, car "les contraintes administratives vont encore s’alourdir pour les généralistes" déplore le Dr Otton.
La région de Roanne, au Nord de la Loire est particulièrement déficitaire en médecins, selon la généraliste, et les populations sont essentiellements âgées : " 40% de mes patients sont des personnes agées" explique-t-elle, ce qui entraine des revenus parfois faibles, et des temps de consultations plus longs, qui contribuent à alimenter la colère des généralistes de la région qui ne voient aucune aide arriver, et aucun changement en vue.
Nous ne sommes pas non plus aidés par les élus locaux, qui contribuent plus à nous mettre des batons dans les roues qu'à nous faciliter la vie", regrette la praticienne, qui explique que cette grève est menée avec les habitants qui "voient les généralistes partir et ne pas être remplacés". Selon elle, le but du mouvement de la semaine prochaine, baptisé "printemps de Roanne" par ses organisateurs -et auquel MG France apporte son "soutien total"- est donc de montrer ce que serait une ville ou une région sans médecins généralistes et faire bouger les élus locaux, notamment le maire de la ville. La généraliste co-organisatrice du mouvement soulève aussi la difficulté qu’a la médecine générale à intéresser les jeunes, car, selon elle "le métier les fait réver mais les conditions de travail les font fuir", surtout dans cette région très déficitaire. C’est d’ailleurs pour tenter d’inverser la tendance que la praticienne est à la tête depuis 2011 d’une "association de la médecine générale du roannais" qui "soutient les généralistes installés et qui facilite l’installation des jeunes".
Autre motif de mécontentement des confrères roannais : la paperasse et les formalités administratives qui envahissent le quotidien des généralistes. "Lorsqu’on appelle les gens de la sécu, ils ne donnent aucun conseil, ou répètent tout le temps la même chose" ajoute le Dr Otton. A l’en croire, à cause de cela aussi, le mouvement de la semaine prochaine promet d’être d’envergure, car selon la généraliste, "90% des cabinets seront fermés durant ces 3 jours". Les organisateurs espèrent aussi qu’ils seront des éléments déclencheurs, pour que le mouvement s’amplifie dans les autres régions. Et de mettre en avant la lassitude qui atteindraient, selon eux beaucoup de confrères : "comment voulez vous que l’on s’occupe bien des patients si l’on n’est pas bien nous mêmes", interroge Lisa Otton ?
Dans la Loire, l’inquiétude des médecins libéraux porte aussi sur les restructurations hospitalières. Comme le rappelle le Dr Thierry Martin, ces mois derniers, les médecins généralistes ont interpellé les maires des communes environnantes et les parlementaires du département. Ce médecin généraliste de Balbigny évoque "un risque sanitaire majeur dans notre région en raison de l'action de l'ARS qui cherche à fermer des services hospitaliers, maternité, puis chirurgie conventionnelle,, puis chirurgie ambulatoire puis chimiothérapie, puis services d'urgence SMUR sur le site de Feurs en particulier, mais cela concerne aussi les villes de St Chamond, Firminy..." Une manifestation publique est prévue pour le Samedi 30 Mai à 10H devant le site de Feurs du Centre hospitalier du Forez.
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