Jeudi 5 décembre, syndicats, partis d'opposition et « gilets jaunes » appellent à faire grève et à manifester contre la réforme des retraites. À l'approche de cette mobilisation, qui s'annonce suivie, le calendrier pour l'adoption de ce texte se précise.
Mercredi, après avoir reçu tour à tour les partenaires sociaux lundi et mardi, Édouard Philippe a annoncé que la phase de concertation sur la réforme devrait s'achever « aux alentours des 9 ou 10 décembre ».
Dans les jours suivant, le Haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, rendra ses conclusions puis le Premier ministre présentera « dans sa globalité et très précisément le projet que le gouvernement présentera au Parlement au début de l'année 2020 ».
Les syndicats de médecins l'accepteront-ils ? Pour l'heure, rien n'est joué, mais le Haut-commissariat aux retraites (HCR) aura fort à faire, tant les médecins redoutent d'être les grands perdants de l'instauration d'un régime universel de retraites. Avant les annonces, le HCR a rendez-vous mardi 3 décembre avec les organisations de médecins libéraux pour une seconde réunion de concertation. Ce sera l'une des dernières occasions de convaincre la CSMF, MG France et le SML — la FMF et l'UFML-S ayant d'ores et déjà annoncé qu'ils feraient grève le 3 février 2020 — de ne pas rejoindre la contestation.
« Un dossier hautement inflammable »
Ne figurant pas parmi les personnes reçues par Édouard Philippe en début de semaine, le Dr Jean-Paul Ortiz, leader de la CSMF, avait chargé le président de l’UNAPL (Union nationale des professions libérales), Michel Picon, reçu mardi à Matignon, de rappeler au Premier ministre les exigences des médecins libéraux. À savoir : une réforme s’adaptant aux spécificités de leur métier, la réduction du champ de la retraite universelle à 1 PASS (plafond annuel de sécurité sociale, environ 40 000 euros) et la conservation des réserves constituées.
Assurant que les syndicats de médecins négocient « l’arme au pied » et défendent des positions similaires, le président de la CSMF met en garde le Gouvernement. « Comme je l’ai dit plusieurs fois, ce dossier est hautement inflammable, explique-t-il. Si vous n’écoutez pas les médecins libéraux, ils rentreront forcément dans les mouvements de contestation (…). Cela ferait beaucoup. Pas tellement en nombre mais en termes d’influence. »
De son côté, le SML « commence à se lasser de cette politique de l’enfumage permanent ». Estimant n’avoir reçu « aucune garantie concrète » concernant les principaux points d'inquiétude des médecins, le syndicat présidé par le Dr Philippe Vermesch adresse dans un communiqué « un avertissement solennel au gouvernement ».
« En l’absence d’un signal concret dans les prochains jours, le SML entrera en contestation et s’opposera à cette réforme inadaptée aux médecins libéraux », prévient-il.
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