Un pharmacien peut-il traiter une conjonctivite ? L'avis du président du Syndicat national des Ophtalmologistes 

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Publié le 25/10/2018
Conjonctivite

Conjonctivite
Crédit photo : Voisin/Phanie

Remplacer le médecin par un pharmacien pour traiter certaines pathologies. C'est le sens de l'amendement proposé par Delphine Bagarry dans le cadre de l'examen du PLFSS. Comme en Suisse, les pharamaciens pourraient délivrer directement des traitements notamment pour la conjonctivite.

De quoi parle-t-on au juste ?

« Cela reprend ce qu'avait proposé le député Philippe Vigier dans son rapport sur l'accès aux soins en début d'été » explique le Dr Thierry Bour, président du syndicat national des ophtalmologistes de France. « Il est en effet question qu'une conjonctivite puisse être prise en charge en première intention par un pharmacien. Mais avant toute chose, il faudra d'abord bien définir la pathologie dont on parle. Dans des reportages, j'ai entendu parler d'affections diverses, la ministre de la Santé a notamment évoqué les orgelets - une affection palpébrale rarissime ! Au final, pour l'instant, le sujet ne semble pas bien circonscrit ... »

4 à 6 millions de patients entrent dans une officine pour un problème ophtalmo

Cette réserve mise à part, le président du SNOF n'est donc a priori pas opposé à cette expérimentation. « De toute façon, on estime que chaque année entre 4 et 6 millions de personnes s'adressent directement au pharmacien pour un problème oculaire. À ces personnes, le pharmacien va conseiller généralement un collyre antiseptique, ou calmant ou un lavage oculaire.» 

Expérimenter et évaluer des protocoles bien encadrés

« C'est donc un vrai sujet qu'il est important de prendre en compte », ajoute l'ophtalmologue qui précise qu'entreprendre une telle démarche nécessite de bien cadrer les protocoles de prise en charge et de les évaluer, en privilégiant les échanges entre le pharmacien, le généraliste, et l'ophtalmologiste. « On peut imaginer que le pharmacien pourrait donner un collyre antiseptique en invitant le patient à consulter rapidement un médecin si la situation ne s'améliore pas », précise le Dr Thierry Bour. « En ophtalmologie, l'exploration d'une conjonctivite nécessite un matériel d'examen. Cette affection ne doit pas être confondue avec une kératite, et il est important de faire la différence entre une atteinte virale, bactérienne ou allergique ».

 


Source : lequotidiendumedecin.fr