Thomas Fatôme expose ses priorités et sa méthode pour la prochaine convention médicale

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Publié le 11/09/2021

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Après une année intense en négociations avec les syndicats aboutissant à la signature de l'avenant 9 par trois organisations majoritaires (CSMF, MG France et Avenir Spé-Le BLOC), Thomas Fatôme a fait état de sa satisfaction lors de ses retrouvailles samedi dernier à Antibes avec les cadres de la CSMF, réunis pour leur 27è Université d'été.

En guise d'introduction, le patron de la CNAM a attaqué fort en assumant la signature de cet accord qui a permis de « relancer la machine conventionnelle », « une machine délicate et fragile », « fortement challengée si elle ne produit pas de résultats » . « Dès lors que les partenaires conventionnelles n'arrivent pas à faire avancer le système, on voit fleurir des idées, des envies, des théories un peu idiotes de transformation du système de santé », a-t-il prévenu. Devant une salle attentive, Thomas Fatôme, un peu agacé, a mis les points sur les « i » en appelant les syndicats signataires à prendre leur responsabilité. Face aux appels de boycott du service d'accès aux soins (SAS), lancé par la branche généraliste de la CSMF qui avait estimé que l'incitation financière prévue dans l'avenant 9 était peu attractive, il s'est montré ferme. « Un avenant est un contrat. J'ai parfaitement identifié les limites mais pour la crédibilité des uns et des autres, on doit porter ensemble cet avenant ».

Un bilan partagé des outils

Alors que les partenaires conventionnels devront se retrouver dans un peu moins d'un an pour négocier la nouvelle convention médicale 2022-2027, le DG a souhaité ne pas perdre du temps. « Il faut s'y préparer dès maintenant », a-t-il lancé. Des groupes de travail techniques préparatoires seront donc mis en place pour réfléchir sur un bon nombre de sujets. Un peu plus tôt, lors de son discours d'ouverture, le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF avait déjà prévenu : « la prochaine convention devra être structurante et porter de vraies perspectives de long terme pour la profession, et notamment des sujets majeurs comme la santé environnementale ». Dont acte ! Pour l'heure, Thomas Fatôme a promis par exemple d'évaluer et de partager le bilan d'un certain nombre d'outils construits depuis plusieurs années comme les contrats de pratique tarifaire maîtrisée (OPTAM/OPTAM-CO), la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) ou encore les assistants médicaux. Sur ce dernier sujet, il s'est étonné : « J'entends à chaque fois les plaintes sur les charges administratives que je comprends. Mais pourquoi il n'y a pas plus d'assistants médicaux. Pourquoi on n'arrive pas à aller plus vite sur ce sujet ? On est prêt à réviser le dispositif et l'améliorer. Ce sera des éléments importants du bilan », a-t-il promis.

Pour la future convention médicale, le patron de l'Assurance maladie a aussi partagé quelques pistes importantes de négociation. Outre l'usage du numérique qui sera incontournable, la simplification de la nomenclature est aussi l'une des priorités de la CNAM. « Vous savez que les complexités des majorations sont aussi le fruit des négociations conventionnelles. À nous de faire des choix », a-t-il martelé. Face aux difficultés d'accès aux soins liées au choc démographique, l'Assurance-maladie se dit prête à accompagner la profession dans sa réflexion sur le périmètre des métiers. « Comment on se projette dans les cinq ans qui viennent ? Je suis toujours un peu surpris de voir un peu de frilosité par rapport à la délégation de tâches. Je ne vois pas ce que les médecins vont perdre mais ce qu'ils vont gagner », a-t-il appuyé.

Quelle enveloppe ?

Mais pour accompagner la profession dans cette mutation profonde, quels moyens la CNAM est-elle prête à mettre sur la table ? Sans langue de bois, Thomas Fatôme a rappelé que l'Assurance-maladie va sortir « éreintée » sur le plan financier de la crise sanitaire. Le déficit — qu'il dit assumer — est « abyssal » : « 30 milliards en 2020, 30 milliards en 2021 et sans doute 20 milliards d'euros en 2022 », a-t-il égrené. Dans ce contexte, « comment trouver les moyens d'un deal financier pour être gagnant-gagnant ? », s'interroge-t-il. Les solutions existent, selon lui. Cela pourrait passer par « des outils de performance, de pertinence des soins, de bonnes pratiques de prescription dans un pays qui connaît une hétérogénéité en termes de prescription sur tous les sujets ».

Puis, pour répondre à l'invitation sur le thème de l'Université d'été de la CSMF « Ma santé sent la chlorophylle », la CNAM se dit prête à accompagner les médecins dans les bonnes pratiques en matière de prévention. « On va essayer de vous adresser la liste des patients qui ne se sont pas fait dépister sur le cancer colorectal, le cancer du sein. On vous livrera cette liste. On espère ainsi sentir bon la chlorophylle », a-t-il conclu sous les applaudissements des cadres.


Source : lequotidiendumedecin.fr