L'Assurance-maladie ouvre ce mercredi les négociations avec les six syndicats représentatifs de médecins libéraux (CSMF, MG France, SML, Union Avenir Spé-Le Bloc, UFML-S et FMF). Les partenaires ont environ quatre mois – jusqu'à fin février, début mars – pour trouver un compromis sur la base des orientations fixées dans la lettre cadrage ministérielle.
Démographie et accès aux soins, gain de temps médical, qualité et pertinence des actes, consultations aux âges clés de la vie, lutte contre les fraudes, nomenclature… autant de sujets sensibles au menu des praticiens libéraux. Alors que le calendrier est serré et les marges financières étroites, comment vos syndicats se sont-ils préparés à ce match ? Quelles sont leurs priorités ? Leurs lignes jaunes ? « Le Quotidien » a donné la parole aux leaders concernés.
Dr Franck Devulder (CSMF) : « Le médecin n'acceptera pas de partager le travail avec d'autres si la consultation reste à 25 euros »
Écartant toute mesure de contrainte, la CSMF défendra en priorité la valorisation de l'expertise pour libérer du temps médical, avec quatre niveaux lisibles et réévalués de consultations. Les tarifs imaginés seraient de 25 à 30 euros pour une consultation de base, 60 euros (niveau 2), 75 euros (niveau 3) et 105 euros (niveau 4). « Il faut un tarif digne mais je ne dis pas que la CSMF va demander 50 euros comme le font d'autres syndicats », se démarque le Dr Devulder.
Dr Agnès Giannotti (MG France) : « Sans les moyens nécessaires pour le médecin traitant, on ne pourra rien faire »
Celle qui pilote sa première négociation à la tête de MG France pose sa condition pour la signature. « Sans les moyens nécessaires, on ne pourra rien faire », répète la généraliste parisienne, qui refuse les rustines. Le point crucial sera « l'attractivité de la profession de médecin généraliste traitant », notamment pour que les jeunes « aient envie d'y venir », estime la Dr Giannotti. L'autre attente concerne le déploiement des assistants médicaux avec « un assistant pour tous ».
Dr Corinne Le Sauder (FMF) : « Un choc d'attractivité pour inverser la désaffection actuelle »
La généraliste d'Olivet (Loiret) a multiplié les réunions en région pour recueillir les attentes du terrain en vue d'un « contrat gagnant » pour la médecine libérale. « Ce métier nécessite un choc d'attractivité pour inverser la désaffection actuelle qui le mine, libérer le temps médical en diminuant drastiquement le temps administratif », soutient-elle. « Depuis le début de la convention 2016, nous avons subi une perte de 15 % de nos honoraires…», déclare-t-elle.
Dr Philippe Vermesch (SML) : « Faire table rase de toute subvention »
Pugnace, le stomatologue du Var veut négocier « un contrat qui tranche ». La défense d'une « dynamique tarifaire compatible avec la vitalité des entreprises médicales libérales » est au cœur de sa stratégie. Le spécialiste exhorte la Cnam à faire « table rase des subventions » et à « partir sur une consultation de 50 euros » pour « motiver » les troupes. L'embauche d'assistants médicaux doit permettre d'augmenter la file active.
Dr Patrick Gasser (Avenir-Spé Le Bloc) : « Equité des financements médecine générale/spécialisée »
Déplorant un Ondam de ville « franchement insuffisant », le gastro-entérologue de Nantes appelle de ses vœux un « plan pluriannuel » pour la médecine libérale, avec des « clauses de revoyure » pour rediscuter de l'inflation. Il réclame des « moyens » pour construire les équipes de soins spécialisés (ESS), valoriser le travail aidé et le développement de cabinets secondaires. Surtout, il souhaite une « équité des financements » entre médecine générale et spécialisée, point qui pourrait se transformer en casus belli.
Dr Jérôme Marty (UFML-Syndicat) : « Il faut parfois oser tout casser pour réinventer »
Pour la première participation de son syndicat aux négociations, le Dr Jérôme Marty, qui s'est préparé « avec sérieux et attention », entre dans la séquence avec une volonté de combat pour porter autant « un état d'esprit » – l'indépendance de la profession – que des mesures de valorisation. Le généraliste de Fronton réclame « l'obtention d'un C dans la moyenne européenne » et attend « des signaux forts dans le sens du développement de la médecine libérale ».
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