AU PREMIER PLAN, le visage angoissé d’une femme au téléphone dont on devine qu’elle ne trouve pas d’interlocuteur ; au second plan, un petit garçon malade alité… Barrant la scène en noir et blanc, cette phrase alarmiste en gros caractères : « Attention danger, le gouvernement sacrifie la santé ! ». En dessous du visuel, un appel à refuser « les files d’attente », « les soins au rabais », « la fin de votre liberté de choix » ; appel aussi à réagir car « la crise ne justifie pas une santé au rabais ». On l’aura compris : la campagne de communication contre le projet de loi « Bachelot » que le Centre national des professions de santé (CNPS, qui réunit les libéraux de santé) diffusera lundi prochain dans douze titres de la presse quotidienne régionale (« Ouest France » a refusé), « le Parisien » (éditions Paris, 92, 93 et 94), la presse syndicale et la presse médicale quotidienne ne fait pas dans la dentelle. « Nous voulions un électrochoc, confie-t-on au CNPS, certains chez nous trouvent que c’est encore un peu trop mou… ». Une campagne relayée par les centres départementaux des professions de santé (CDPS), les cabinets des libéraux et le site internet du CNPS reconfiguré pour l’occasion.
Depuis des semaines, le CNPS critique un projet de loi qui, selon lui, signe l’ « étatisation des soins de ville », même si Roselyne Bachelot s’en défend tous les jours. Mais cette fois, la charge est d’une rare violence car le gouvernement est explicitement accusé de mettre en danger la santé des Français, qui plus est en période de crise… Le ministère de la Santé appréciera. L’objectif de cette campagne, dont le coût n’est pas révélé, est en tout cas de « provoquer une prise de conscience dans la population », d’inciter les Français à saisir leurs élus en plein débat parlementaire, en accréditant l’idée que la réforme en discussion sonne le glas de la médecine libérale à la française et conduit au « rationnement des soins ».
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