Le Dr Francis Cazeils, médecin généraliste de 66 ans en cumul emploi-retraite à Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne, s’alarme de la progression de la désertification médicale. « La campagne n’attire plus, confie-t-il au « Quotidien ». L’État a mis en place des maisons médicales en France, sauf que chez nous c’est une coquille vide ». À titre d’exemple local, à Villeneuve-sur-Lot, 28 généralistes, presque tous de la même génération, prennent en charge les 30 000 habitants de la ville. Dans deux à trois ans, ils ne seront plus que 12 à exercer dans la sous-préfecture si les médecins partis à la retraite ne sont pas remplacés. « Cette situation n’est pas normale, elle me révolte », s’alarme le généraliste.
Appel à un mouvement citoyen
Le Dr Cazeils a décidé de prendre le taureau par les cornes. Il y a quelques jours, il a envoyé un mail et a passé un coup de fil à tous les généralistes des environs afin de lancer un « mouvement » de la profession contre les déserts médicaux. « L’idée est de faire savoir que l’on se bat », résume-t-il.
La première réunion qui s’est tenue jeudi dernier n’a pas attiré les foules. Seulement quatre médecins avaient répondu présent, de nombreux confrères étant en congés. « La réunion était une sorte de mise en route pour s’organiser, explique le Dr Cazeils. Nous allons lancer une pétition incluant les professionnels de santé ainsi que les patients. Nous projetons aussi d’organiser à la rentrée une réunion avec l’ARS, l’Ordre et la mairie de Villeneuve-sur-Lot ainsi que les acteurs de la société civile », poursuit-il.
Très mobilisé sur le sujet, le généraliste veut lancer une campagne d’affichage à Villeneuve-sur-Lot invitant à la population à signer cette pétition « Non aux déserts médicaux - Oui pour une médecine de proximité ». Le Dr Cazeils estime que l’État ne remplit pas pleinement son rôle pour aider les médecins à trouver un successeur : « Il devrait nous fournir une liste d’étudiants qui arrivent sur le marché, voire leur disponibilité par régions. Les médecins devraient être davantage aidés par le gouvernement. »
Ouvrir le débat
Aux yeux du Dr Cazeils, la profession n’est pas suffisamment entendue par les pouvoirs publics. « Pourtant, nous avons des propositions à faire », affirme-t-il. Il y deux ans, il a créé " Villeneuve, Coopération pour un Travail sur le Bien-vivre ". Cette association met l’accent sur la prévention, un domaine prioritaire et selon le généraliste « enthousiasmant » à mettre en place (lutte contre le burn-out des soignants). « Nous ne sommes pas des distributeurs de médicaments. Nous avons fait le choix avec des collègues de faire de la médecine lente », raconte-t-il. Francis Cazeils enchaîne 15 à 20 consultations par jour et son salaire n’est pas « mirobolant » mais les jeunes médecins pourraient facilement s’installer et ne manqueraient pas de travail. Alors pourquoi refusent-ils de franchir le pas ? Les villes sont-elles trop grandes ? Comment les attirer ? Quelle politique de santé pour l’avenir ? Le généraliste veut ouvrir largement le débat.
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