Au salon du Medec, une table ronde était consacrée à la simplification administrative, un chantier lancé en 2006, dans lequel les généralistes avaient placé beaucoup d’espérances.
Le bilan est mitigé. Des avancées concrètes ont été obtenues, à l’actif notamment de la commission de simplification administrative constituée entre les syndicats médicaux et l’assurance-maladie ; mais le combat contre la paperasse est loin d’être gagné… Fin 2007, selon une étude du ministère, les médecins généralistes estimaient qu’ils passaient environ quatre heures par semaine à des tâches de gestion administrative (à comparer à environ 60 heures de travail hebdomadaire). Ils plaçaient le chantier de la simplification au rang de leurs priorités pour gagner du temps médical et concentraient leur courroux sur la gestion fastidieuse des protocoles de soins et les tâches de comptabilité.
Parmi les principaux progrès recensés depuis deux ans : la simplification des formulaires d’arrêts de travail avec le décret sur les heures de sortie autorisées. Autre avancée : des « bons de transports sanitaires plus clairs avec un arbre de décision opposable au malade », relève le Dr Michel Combier, président de l’UNOF (généralistes de la CSMF). S’agissant de la rédaction des protocoles ALD, qui relevait du casse-tête chinois, la possibilité pour le médecin de s’appuyer sur les recommandations en vigueur de la Haute Autorité de Santé (HAS), lorsqu’elles existent, a également facilité la vie des médecins généralistes. « Cela concerne déjà 70 % des patients qui entrent en ALD », assure Jean-Marc Aubert, directeur de la gestion du risque de l’assurance-maladie . La CNAM est par ailleurs en train d’expérimenter un protocole de soins électronique (assorti d’une aide en ligne), qui permet de gagner du temps dans les échanges entre médecin traitant et médecin-conseil.La caisse envisage sa généralisation en 2009 à travers le compte professionnel Ameli (déjà ouvert pour 70 000 médecins dont 40 000 généralistes).
« Bugs »
Le Dr Pierre Levy, médecin généraliste, secrétaire général de la CSMF, fait néanmoins remarquer qu’il faut tenir compte de la frange de médecins qui n’ont pas accès au Web médecin ou à l’internet haut débit. « L’échange électronique des données, c’est bien mais il faut faire attention à la transition et faire preuve de tolérance ». Le Dr Combier ironise : avec la dématérialisation des échanges, les médecins devraient avoir droit à une « petite prime » pour les économies d’encre et de papier dans le cadre du Grenelle de l’environnement…
Beaucoup reste à faire. Des « bugs » compliquent la télétransmission, en médecine de groupe par exemple. Le dépoussiérage du maquis des ententes préalables - qui restent un levier de régulation pour la CNAM - n’est pas achevé (l’encadrement des actes en série de kinésithérapie est revenu dans la dernière loi de financement de la Sécu). Quant aux certificats de tout poil, pas toujours indispensables, la profession constate leur inflation… « Les certificats sont demandés à tout moment, en urgence. C’est bien pire que les relations avec l’assurance-maladie ! », peste le Dr Lévy.Le chantier de la simplification a encore de beaux jours.
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