Entretien

Dr Jean-Michel Béral : « Dans beaucoup de départements, la PDS devient impossible à organiser »

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Publié le 23/04/2015
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LE QUOTIDIEN : Cette enquête ordinale sur la PDS est plus sombre que les précédentes...

Dr JEAN-MICHEL BERAL : Nous sommes pessimistes, c’est vrai. Nous observons l’érosion du volontariat depuis des années, mais ce qui est nouveau, c’est que dans beaucoup de départements, la garde devient impossible à organiser. Des responsables d’associations départementales de PDS nous décrivent des situations très tendues, dans lesquelles le désistement d’un seul médecin peut remettre en cause l’organisation sur l’ensemble d’un territoire. Dans environ 300 territoires, on compte moins de 6 médecins volontaires. La PDS y tient grâce à la bonne volonté des volontaires, mais ça a ses limites. Nous redoutons un effritement progressif qui pourrait faire tâche d’huile.

Quel regard portez-vous sur ce désengagement ?

La volonté de désengagement de la nuit profonde est médicalement justifiée. Il s’agit d’un mouvement naturel qui correspond à l’évolution de la médecine générale. À ces heures-là, une régulation bien faite couplée à un accueil aux urgences des patients qui ne peuvent pas attendre peut suffire.

En revanche, la suppression de la garde entre 20 heures et minuit, c’est nouveau. Une région l’a mise en place : la Basse-Normandie. Les gens n’y sont abandonnés, il y a la régulation, les associations de type SOS et les services d’accueil des urgences. Depuis cette année, on voit se multiplier des expérimentations équivalentes sur de petits territoires, comme dans l’Hérault, ou en Charente-Maritime. Un autre signe nous alarme, c’est le désengagement de médecins coordinateurs de secteurs qui rendent leur casquette car ils jugent que le nombre de désaffections les empêche de faire leur travail. La conjonction de ces deux mouvements nous inquiète.

La professionnalisation de l’effection est-elle un remède ?

Dans certaines régions, pour maintenir une effection en nuit profonde, nous avons regroupé les territoires de nuit, et nous avons proposé aux volontaires des indemnités très attractives. On peut envisager de faire pareil pour la tranche 20 heures-minuit. Il y a d’autres pistes. Par exemple, les médecins de centres de santé peuvent désormais plus facilement participer à la PDS en conservant leur statut de salarié, grâce à un décret paru au début de l’année. La télémédecine, notamment dans les EHPAD, peut aussi être une piste.

Propos recueillis par H.S.R.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9406