ÉDOUARD COUTY, rapporteur général des Assises du Médicament (l’instance de réflexion mise en place par Xavier Bertrand à la suite du rapport de l’IGAS sur l’affaire Mediator) était mardi dernier l’invité d’une soirée débat organisée par l’ACIP (Association des cadres de l’industrie pharmaceutique) sur le thème « Quelle information pour les médecins demain ? ».
« Je ne suis pas rapporteur du ministre de la Santé, mais des Assises », a-t-il déclaré en préambule, précisant que les conclusions de ces Assises, qui auraient dû être rendues publiques le jour de son intervention, avaient été, en accord avec Xavier Bertrand, remises à plus tard (la date du 23 juin est souvent évoquée), « car beaucoup de choses n’avaient pu se dire au cours de ces Assises, mais il faut qu’elles se disent ». Manifestement, si les Assises sont officiellement closes, des arbitrages vont avoir lieu en coulisse pour en arrêter les conclusions.
Le rapporteur général a cependant levé un coin du voile, insistant tout d’abord sur le fait que le drame du Mediator avait été « un choc pour l’industrie et les professionnels de santé, mais aussi pour les patients et les victimes, ce qui a provoqué un déficit de confiance dans la population qu’on ne peut laisser perdurer ».
• Cap sur l’informatique.
Première piste de réforme évoquée par Édouard Couty, l’informatisation des cabinets médicaux, déjà avancée par Élisabeth Hubert dans son rapport sur la médecine de proximité. En effet, selon des chiffres donnés précédemment par le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, et invité lui aussi à cette soirée débat, « seuls 50 % des cabinets médicaux utilisent un logiciel métier pour leur informatique ». Difficile dans ces conditions d’améliorer la circulation de l’information entre les professionnels de santé. « Ces chiffres m’ont impressionné, a indiqué Édouard Couty, c’est très préoccupant ». Le rapporteur général des Assises a assuré que ce point serait « une des priorités » des conclusions des travaux.
• La VM sous surveillance.
Au chapitre de la visite médicale, Édouard Couty a été clair : « On ne peut rester en l’état, il faut diversifier les sources et moyens d’information des médecins ». Selon lui, les Assises ont mis en lumière la nécessité d’encourager l’émergence de sources d’information indépendantes ou publiques, en tout cas diversifiées. Édouard Couty a également suggéré qu’« une haute autorité scientifique » ait un droit de regard sur la qualité de l’information délivrée par la visite médicale.
Le rapporteur général a aussi évoqué la question de la pharmacovigilance, indiquant sans donner de pistes précises que « le système est très largement perfectible, notamment en matière de notification des effets indésirables ».
• Des fonds alternatifs devant l’ACIP pour le DPC.
La formation a également été abordée. Pour Édouard Couty, les Assises du médicament n’ont pas dégagé de consensus sur ce thème, mais il a néanmoins décelé « une forte demande pour que le DPC (développement professionnel continu) soit indépendant » de l’industrie pharmaceutique. Il a cependant rappelé que, selon un rapport de l’IGAS, le financement du DPC par cette même industrie s’élevait à une somme comprise entre 300 et 500 millions d’euros, et a évoqué deux pistes de financements alternatifs : un fonds mutualisé « cogéré intelligemment » (entre l’État, l’industrie et les médecins), ainsi qu’un financement par les médecins via « un paiement fiscalisé ». Mais Édouard Couty a reconnu qu’en la matière, les dés n’étaient pas jetés : « Je ne connais pas le choix final, car dans ce dossier, on est dans l’opacité totale », a-t-il reconnu.
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