En Angleterre, les médecins s’inquiètent de la hausse des insultes et des agressions en consultation

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Publié le 11/08/2021

Crédit photo : PHANIE

L’ambiance n’est plus au beau fixe entre médecins et patients britanniques. Dans une enquête publiée le 10 août, la British Medical Association (BMA) – regroupant médecins et étudiants anglais – exhorte le public à « être gentil » alors « qu'une étude révèle des niveaux inquiétants d'abus contre les médecins ».

L’enquête menée par la BMA - dont les résultats sont détaillés dans le British Medical Journal – a sondé plus de 2 400 médecins en Angleterre, Pays de Galles et Irlande du Nord. Elle souligne une augmentation importante des agressions physiques et verbales, des menaces et des insultes de la part des patients envers le personnel médical.

Plus d’un tiers (37 %) des médecins a été victime de violences verbales au cours du dernier mois. Des agressions qui touchent d’autant plus les généralistes – 51 % rapportent de tels faits, contre 30 % des hospitaliers. Un généraliste sur cinq affirme même avoir déjà été menacé par un patient dans les 30 derniers jours.

Patients insatisfaits

Alors que la violence verbale représente un tiers des abus, 16 % des médecins, toute spécialité confondue, affirment avoir reçu des menaces et 1,5 % être victime d'agression physique. Loin devant, le premier facteur déclenchant reste l’insatisfaction du patient vis-à-vis du service médical proposé. 64 % des médecins justifient ainsi leur agression, dont 75 % pour les généralistes.

Pour 41 % d’entre eux, l’abus du patient s’explique par un problème de santé ou personnel, et pour 20 % par un passif de violence. De plus, à l’hôpital, le sondage montre une part plus importante d'agressions liées à la consommation de drogues ou d’alcool – 22 %, contre 10 % chez les généralistes.

Sans surprise, la situation sanitaire semble avoir envenimé les relations avec le malade, comme l’explique une généraliste du sud-ouest de l’Angleterre : « on nous crie dessus, on nous parle durement et on nous traite de méchants et d'inutiles, souvent pour des choses qui ne sont pas de notre ressort, comme les listes d'attente des hôpitaux, et le fait que nous devons demander aux gens d'être attentifs aux autres pour assurer la sécurité de tous, en demandant par exemple aux patients de se tester pour le Covid ou de ne pas venir en cas de symptômes ».

« Simplement au cours de la semaine dernière, on m'a crié dessus parce que j'ai demandé à quelqu'un de faire un test PCR alors qu'il toussait et avait de la fièvre. Et on m'a traité de l'insulte la plus offensante possible, après que j'ai demandé à quelqu'un de ne pas entrer dans la salle d'attente de chirurgie avec une toux », poursuit-elle.

« De nombreux médecins partagent la frustration de leurs patients »

La moitié des personnes interrogées disent également avoir été témoin d’agression envers un collègue : infirmiers en tête à l’hôpital et personnel d’accueil pour les généralistes. Par ailleurs, « les deux tiers (67 %) des médecins généralistes ont déclaré que leur expérience de maltraitance, de comportement menaçant ou de violence s'était aggravée au cours de l'année écoulée », précise la BMA.

« De nombreux médecins partagent la frustration de leurs patients face à des méthodes de travail inconnues ou des temps d'attente trop longs. Cependant, les abus, la violence et les menaces sont absolument inacceptables », commente le Dr Richard Vautrey, président de la branche généraliste de la BMA.

L’association de médecins britanniques invite à une discussion urgente avec le gouvernement et le National Health Service (NHS), pour que les praticiens cessent de faire les frais de la colère des patients et de la demande croissante de soins. « Le NHS ne peut pas se permettre de perdre davantage de personnel en médecine générale », martèle le Dr Vautrey.


Source : lequotidiendumedecin.fr