Fier d’être médecin libéral ! La conférence nationale des URPS vient de lancer une campagne de communication « volontairement revendicative » pour vanter le rôle des médecins libéraux dans le système de santé, à l'heure où la profession exprime un malaise profond (manifestations, grèves, échec des négociations conventionnelles).
Affichée dans les cabinets et relayée sur les réseaux sociaux avec le hashtag #FierDetreMedecinLiberal, cette campagne sous forme d’affiches thématiques entend mettre l'accent sur la « fierté » d’être un praticien de ville, tout en demandant clairement au gouvernement de « nous donner les moyens de rester à la hauteur de la réponse que les libéraux apportent aux patients », insiste la conférence des URPS.
Poids méconnu
Chirurgies du cancer du sein, anesthésies générales ou prothèses de hanche : cette campagne originale s’appuie sur les données produites par l’Institut statistique des professionnels de santé libéraux (ISPL) pour mettre en lumière le « vrai » poids de la médecine libérale dans la prise en charge des Français. Des chiffres « qu’il convient de ne pas oublier quand il s’agit d’allouer des moyens », préviennent les URPS.
« La population, les élus – et même les médecins eux-mêmes – ne se représentent pas très bien l’importance de la médecine libérale dans le système de soins », souligne le Dr Antoine Leveneur, président de la conférence nationale des URPS médecins libéraux et généralistes à Caen.
Les affiches colorées mettent ainsi en avant des chiffres peu connus des Français : plus de 70 % des IRM sont réalisées par des libéraux (soit 5,7 millions sur 8 millions d'examens par an), mais aussi les trois quarts des anesthésies générales et 42,5 % des opérations des cancers du sein. Et sur 80 000 prothèses de hanche posées chaque année en France, 45 000 le sont par des chirurgiens de ville !
« Chaque jour, nous, généralistes libéraux, accueillons un million de patients en cabinet, ajoute le Dr Leveneur. Il nous paraissait pertinent de rappeler ces chiffres alors que les différentes propositions de loi font l’impasse sur tout ce que font les médecins, partout en France, tous les jours, au bénéfice de la population. »
« Piqûre de rappel »
Au-delà des éléments factuels sur le poids de la médecine libérale et des cliniques dans le système de soins français, la campagne d’affichage se veut « une piqûre de rappel » pour le gouvernement, espère le Dr Antoine Leveneur. Il souligne que « le Ségur avait été orienté uniquement sur l’hôpital et que l’Ondam de ville pour 2023 [objectif national de dépenses d'assurance-maladie] tenait à peine compte de l’inflation ». Et beaucoup de libéraux ont jugé que les vœux d'Emmanuel Macron étaient « hospitalocentrés ».
Dans ce contexte, la conférence des URPS souhaite que l’exécutif accorde aux libéraux « les moyens de continuer » à soigner la population au quotidien. « Il est plus qu’urgent de redonner de la valeur à notre rôle dans le système de soins », exhortent les Unions, qui ne s'invitent pas si souvent sur ce terrain des revendications.
Mais entre les initiatives parlementaires d'encadrement et le rejet de la convention médicale, la campagne se veut aussi « un message pour les jeunes, explique le Dr Leveneur, car nous avons de quoi être fiers de ce que l’on fait ! ».
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins
Désert médical : une commune de l’Orne passe une annonce sur Leboncoin pour trouver un généraliste
Pratique libérale : la chirurgie en cabinet, sillon à creuser
Le déconventionnement tombe à l’eau ? Les médecins corses se tournent vers les députés pour se faire entendre