PARIS (75)
Pr CLAUDE HURIET (*)
« Le Quotidien du Médecin » du 17 octobre nous apprend que la Mutuelle des étudiants, la LMDE, « crie aux mesures anti-jeunes » ! Beaucoup d’étudiants et leurs familles vont croire à une galéjade !
En effet, si cette mutuelle n’est peut-être pas « une arnaque », comme l’écrit, dans un forum dédié aux « indignés » de cette mutuelle, « Fechner » qui attend depuis des mois un remboursement de 1 000 euros, la réalité, c’est que LMDE rembourse peu, rembourse mal, rembourse tard, ou ne rembourse pas, multipliant les demandes de complément de dossier, arguant de dossiers égarés ou non parvenus à la bonne adresse. Trop souvent aux abonnés absents pour des contacts téléphoniques, LMDE a aussi la triste réputation, méritée, de laisser les courriers sans réponse... Ces graves dysfonctionnements ont fatalement pour résultat de retarder ou de compromettre l’accès aux soins des étudiants.
Ces graves dysfonctionnements ont fait l’objet voici près d’un an (le 30 décembre 2010) d’une question parlementaire du sénateur Gournac. Il dénonçait l’accumulation de dossiers, l’explosion des appels de mécontentement, l’allongement des files d’attente et les retards de remboursement, qui conduisaient les étudiants les plus démunis à différer ou à abandonner les soins.
Deux mois plus tard, la secrétaire d’État à la Santé apportait les réponses suivantes : les difficultés étaient en grande partie liées à la mise en place de la carte Vitale avec photo. « Désormais, déclarait la secrétaire d’État, les cartes Vitale sont délivrées aux jeunes dès qu’ils atteignent l’âge de 16 ans et les délais de remboursement devraient diminuer. » Mais elle évoquait aussi la nature même du régime étudiant, régime de passage, mobilité des jeunes etc. Elle laissait entrevoir que la convention d’objectifs et de gestion entre l’État et la CNAMTS « prévoyait de forts engagements sur la qualité de service, notamment délai de remboursement des soins de santé, d’accueil téléphonique, délais de réponse aux réclamations, qui devaient permettre d’éviter dans l’avenir les nombreux dysfonctionnements » signalés par le parlementaire.
Douze mois plus tard, il n’en est rien.
La consultation des sites et forums des « indignés » est éloquente, et l’accès aux soins des étudiants est effectivement de plus en plus souvent compromis.
C’est inquiétant !
(*) Sénateur honoraire
ASV : la solitude des médecins retraités
CLAMART (92)
Dr JACQUES LAPORTE
Les médecins retraités vont donc être les seuls retraités, en France, à subir une BAISSE de 3 à 4 % DES RETRAITES DÉJÀ LIQUIDÉES ! En ces temps de crise et de période pré-electorale, que la solidarité joue alors pour tous ! Et que toutes les retraites en France subissent la même ponction ! Il est quand même invraisemblable que les médecins soient les seuls concernés, et encore plus invraisemblable que les représentants syndicaux restent silencieux sur cette question, bien au chaud dans leur fromage… Quel est le prix de leur silence ? Entre la dernière convention signée et l’acceptation de cette réforme de l’ASV, on peut se demander à quoi servent les syndicats si ce n’est à servir la soupe au gouvernement en se goinfrant au passage !
Autre culture, autre politesse
COINCY (02)
Dr DANIEL PENET
Chers patients, confrères, présidents, ministres, députés, maires, et autres directeurs de la santé,
J’ai exercé mon métier avec passion, je voulais donner un sens à ma vie, aller au contact des autres, les aider dans leur souffrance, et pour cela, j’ai choisi d’être médecin de famille et de campagne. Je n’ai jamais
cherché ni la gloire, ni la réussite matérielle, simplement à bien accomplir ce à quoi je m’étais destiné.
Aujourd’hui je suis triste, j’ai choppé le crabe, et j’ai été mis sur le banc de touche.
Pour assurer la permanence des soins en attendant la fin de ma convalescence, je me suis mis à la recherche d’un associé afin de lui présenter mes patients. J’ai été contacté par un médecin roumain qui cherchait à s’installer en France. Après de multiples échanges par courriel je l’ai accueillie à l’aéroport et accompagnée dans ses démarches, je lui ai fait rencontrer le pharmacien, le maire, un représentant du conseil de l’Ordre, le directeur des relations professionnels de santé, un médecin roumain installé. Je me suis démené pour tenter de lui obtenir des avantages ou aide matériel à son installation, auprès du maire, du député, de l’agence régionale de santé.
Je l’ai hébergée avec son fils pendant quatre jours, lui ai fait visiter la région, Laon, Reims, Paris. Je lui ai offert des cadeaux ainsi qu’à son fils. Puis elle est retournée en Roumanie et, je n’ai plus eu de ses
nouvelles.
Aujourd’hui, avec la « complicité » du maire et de ses conseillers, en catimini, sans m’en informer, elle a été installée au centre du village. Il n’est donc plus question d’association, ni de droit à présentation. Elle s’installe en concurrence, sans la moindre vergogne, sans le moindre scrupule, après m’avoir utilisé. Quelle fourberie ! Quelle impolitesse !
Je remercie tous ceux qui mon accordé leur confiance, je vous regretterai.
Je n’ai pas encore vendu ni maison, ni cabinet médical, je suis encore vivant. Je ne suis pas à la retraite et dois travailler jusqu’à 65 ans.
Prenez soin de vous. Portons nous bien !
Merci pour votre attention.
Les médecins et l’argent
POUILLY-EN-AUXOIS (21)
Dr PIERRE-MARIE GIROUX
Nous sommes en pré-campagne électorale, et il est de bon ton de réattaquer sec sur les déficits et, en particulier, celui de la Sécurité sociale. Et, bien entendu, que l’on soit de droite, de gauche ou du centre, le pelé, le galeux, source... de ce déficit, ce n’est pas le benêt de la Fable, mais le Médecin.
Dispensateur des médicaments, des examens complémentaires, des arrêts de travail, et tout cela « à tort et à travers », voilà le coupable tout trouvé ; et ce pauvre médecin, diffamé par tous ces incapables qui nous gouvernent, ne devrait-il pas, lui aussi, être pendu à un crochet de boucher ?
Mais les attaques continuent :
Un : Madame Aubry s’en est pris au financement des études médicales par les citoyens français, et bien sûr, il y a toujour de « bons apôtres » pour enfoncer le clou, par exemple Bernard Kouchner ou cette pharmacienne, citée dans le courrier des lecteurs. Que ces dames sachent qu’en 1959, à Dijon, il y avait trois anesthésistes pour l’hôpital, et les cliniques, les Drs Petit, Franc et Regnier. Je commençais mes études. Ceci veut dire qu’à l’hôpital, pas moins de 80 % des anesthésies étaient pratiquées par les externes qui touchaient une indemnité dérisoire. D’ailleurs, à la première garde, l’interne t’expliquait : « nesdonal, apnée, canule, oxygène, proto, éther... » et c’était parti, et sûrement pas plus de « casse » que de nos jours. N’oublions pas les gardes de nuit et de week-end, les sutures, plâtres, assistance aux autopsies, etc...
Qui n’a connu tel ou tel étudiant qui travaillait la nuit ou le week-end, pour « payer » ses études ?
Deux : Sur les dépassements, encore haro sur le baudet !
Pour impressionner les électeurs, on parle, bien entendu, de ce qui fait mouche. Il faut du sensationnel, et l’on trouve toujours le médecin qui a fait un dépassement de 2 000 ou 3 000 euros... Quelle est la proportion sur les 206 000 médecins libéraux ? Elle est infime. Pourquoi ne parle-t-on jamais du nombre immense d’actes gratuits pratiqués par les médecins, en particulier toutes les consultations et tous les conseils par téléphone ? Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays, et même en France pour d’autres professions libérales.
Trois : Dernièrement, j’ai entendu que la médecine ne doit pas être pratiquée dans un but lucratif ! Et quoi encore, le médecin, après sept années minimum d’études, après avoir « abattu » ses 54 heures de travail, minimum, par semaine, devrait aller mendier sa subsistance comme un clochard. Il faut être sérieux, la consultation à 23 euros ne peut permettre de faire fortune.
Quatre : pourtant, en France, nombre de professions, exerçant, pour certaines, légalement, psychologues, diététiciens, ostéopathes, naturopathes, irridologues etc., sont sensées faire partie de la chaîne de soins. Leurs honoraires ne sont ni règlementés, ni remboursés, cependant aucune voix ne s’élève pour contester ce « scandale » de soins non remboursés. Pourtant, (excluons les charlatans), il y a souvent un résultat qui, d’ailleurs, peut conforter celui du médecin. Allez, il faut arrêter de contester les 23 euros remboursés du généraliste, et trouver normal les 50 euros non remboursés de l’ostéopathe !
Si la médecine libèrale est si lucrative pourquoi nos jeunes confrères sont-ils si peu empressés à assurer notre succession ?
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