LE QUOTIDIEN - Comment réagissez-vous à la décision de Roselyne Bachelot d’ouvrir enfin la vaccination aux libéraux ?
Dr MICHEL LEGMANN - Ayant été parmi les premiers à réclamer cette mesure, je ne puis que me féliciter de la possibilité offerte aux Français de se faire vacciner par leur médecin généraliste.
Certains jugent que la mesure vient tard et même trop tard...
C’est vrai qu’elle aurait été beaucoup plus efficace si elle était intervenue plus tôt. Les patients font naturellement confiance à leurs praticiens et ils n’ont pas compris de les voir mis hors jeu dans cette campagne de vaccination. C’est sans doute l’une des raisons qui ont mis en difficulté le plan de vaccination gouvernemental.
Comment jugez-vous les arguments techniques qui avaient été avancés à l’origine par le gouvernement ?
La ministre a évoqué le problème des livraisons en quantités limitées, étalées dans le temps, le conditionnement en flacons multidoses et les impératifs liés au respect de la chaîne du froid. Autant d’arguments techniques qui peuvent toujours faire l’objet de discussions. Mais il ne faut pas oublier que cette campagne constituait une première en France et on doit éviter de s’ériger en pythie devant une affaire aussi compliquée. Qu’il y ait eu quelques atermoiements pour s’adapter à des conditions changeantes, comme la préconisation d’une injection unique au lieu des deux initialement prévues, que la gestion de crise ait dû se faire évolutive, c’est dans l’ordre des choses.
Des fautes ont-elles été commises ? Le gouvernement aurait-il manqué de prudence en passant des commandes de doses vaccinales beaucoup trop nombreuses ?
Il faut replacer les événements dans leur contexte et se rappeler que beaucoup d’experts internationaux ont tout d’abord laissé augurer des événements épidémiques bien plus graves que ceux qui sont en fait survenus. Il faut aussi se rappeler le scandale du sang contaminé ou l’affaire de la canicule. La santé publique n’a rien à gagner avec des polémiques.
Des arguments financiers ont aussi été évoqués...
Un leader syndical a en effet accusé les médecins qui revendiquaient la possibilité de vacciner dans leur cabinet de vouloir non pas assurer une mission au service de la santé publique, mais chercher à faire du pognon. Ce procès m’a profondément scandalisé, comme sûrement la majorité des Français.
Diriez-vous, comme le redoutent certains, que la confiance entre les médecins et le gouvernement restera ébranlée ?
Je suis navré par la polémique et par les enjeux de politique politicienne. Mais, en définitive, on va bientôt se rendre compte que l’incident est clos. Et tant mieux si la pandémie s’est révélée moins grave qu’on ne le redoutait. Pour ma part, je serai aux côtés de la ministre de la Santé pour la soutenir face aux attaques injustes dont elle fait l’objet. Dans un contexte particulièrement difficile, elle a agi comme une femme de caractère. Elle a fait le maximum pour que les Français soient protégés contre les risques liés au virus A(H1N1)v.
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