UN POUR TOUS mais… pas encore tous pour un. L’appel à la grève pour le 7 avril prochain, lancé de Lyon par MG-France Rhône-Alpes et MG-69, quelques jours après l’intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, a quelque peu créé la surprise dans les rangs syndicaux. Dans un communiqué daté du 15 février, les Drs Roger Bolliet, délégué régional de MG-France Rhône-Alpes, Florence Lapica, présidente MG-69, et Pascal Dureau du même syndicat, également secrétaire général de l’union régionale des professions de santé (URPS), décrétaient ainsi que les médecins généralistes ne pouvaient qu’être « en colère » après les propos du chef de l’État. D’où leur appel à une « journée de grève et de manifestation », jeudi 7 avril.
Ils espèrent rééditer le mouvement unitaire de 2010, lequel aurait, selon eux, permis « d’arracher » au président le C à 23 euros. Aux mêmes maux, les mêmes remèdes ? « Je ne comprends pas la logique politique de ce mouvement », indique le Dr Charles-Henri Guez, responsable du Syndicat des médecins libéraux (SML) en Rhône-Alpes, surpris de voir MG-France « faire cavalier seul ». Ce médecin généraliste, installé dans le sud-ouest lyonnais, n’envisage pas que le SML puisse rejoindre un tel mouvement. De son point de vue, les généralistes auraient surtout « besoin d’être entendus sur des projets constructifs plutôt que revendicatifs ». Même son de cloche du côté de Michel Till, responsable de l’UNOF-Rhône, qui considère que cet appel « manque un peu » de préparation. Certes, « nous nous sentons solidaires sur des sujets comme l’organisation de la permanence des soins ou l’extension du forfait médecin traitant à tous les patients (et pas seulement aux ALD) », précise ce médecin qui dit partager le ras-le-bol des généralistes. « Mais de-là à lancer une grève, tempère-t-il, c’est un peu rapide. »
Rapport de force.
Le président d’Union Généraliste (UG) Rhône-Alpes s’étonne également face à ce mouvement initié localement, sans que d’autres syndicats n’aient a priori été contactés en amont. Marcel Garrigou-Grandchamp l’interprète comme une façon de « prendre le pouls de la mobilisation potentielle des confrères, alors que Rhône-Alpes est le fief du syndicat MG-France et que son président est aussi issu de la région ». Plus catégorique que son homologue du SML, le président d’UG-Rhône-Alpes pointe « une légitime exaspération chez les généralistes qui attendaient peut-être – il y en a qui rêvent encore ! – des mesures fortes de la part du président de la République en faveur de la médecine générale ». Ce généraliste lyonnais va plus loin, considérant que, pour les médecins, c’est trop tard : « À mon sens, ce sont les Français qui devraient se mobiliser. »
Quant au délégué régional de MG-France Rhône-Alpes, il se dit aussi surpris de l’étonnement suscité par cet appel à la grève : « En 2010, lors de la mobilisation, c’est en Rhône-Alpes qu’elle avait été la plus forte, c’est aussi en Rhône-Alpes que MG-France a fait son meilleur score, c’est donc logique que ça parte d’ici », justifie le Dr Roger Bolliet, convaincu de la nécessité de créer « un rapport de force » pour être entendu. Il assure que MG-Rhône-Alpes et MG-69 n’ont pas voulu faire « bande à part ». Et précise que « les Bretons, les Auvergnats sont déjà prêts à (le) suivre ».
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