Revirement stratégique de Roselyne Bachelot

Les généralistes vont pouvoir vacciner

Publié le 06/01/2010
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« LA GESTION d’une grippe est une gestion évolutive, parce que les conditions changent », a expliqué la ministre. Elle a par ailleurs déclaré qu’elle accepterait une commission d’enquête parlementaire, comme l’a demandé le porte-parole du PS Benoît Hamon. Mme Bachelot a d’abord annoncé sur TF1 avoir résilié les commandes de 50 millions de doses de vaccin contre la grippe A(H1N1)v, sur les 94 millions de doses commandées à quatre laboratoires, soit « une économie de plus de la moitié » du total engagé. « Ces commandes n’avaient été ni livrées ni payées, elles sont donc résiliées » a-t-elle déclaré. La ministre a été plus précise mardi, indiquant qu’une commande de 9 millions de doses passée au laboratoire Sanofi-Pasteur a été « purement et simplement résiliée sans aucune indemnité ». Pour le reste, des discussions sont en cours. « Nous allons discuter très fermement et nous avons un certain nombre d’arguments à faire valoir », a dit Mme Bachelot, citant le fait qu’une seule dose de vaccin est désormais nécessaire.

Au moment où les commandes ont été passées, l’été dernier, le gouvernement tablait sur deux injections, avec l’objectif de vacciner toute personne qui le souhaiterait. La revente de doses de vaccin en excédent a alimenté ces derniers jours le feu des critiques, principalement à gauche, où on dénonce une « gabegie » financière au profit « des laboratoires pharmaceutiques ».

La ministre a également revu sa stratégie en matière de vaccination, autorisant les médecins libéraux à vacciner à leur cabinet, alors qu’elle avait jusque-là résisté fermement aux pressions répétées dans ce sens. Le président du Mouvement Démocrate (MoDem) François Bayrou a estimé quant à lui que le gouvernement avait commis « une faute stratégique très lourde », en ne faisant pas appel aux généralistes.

La donne logistique a changé

La ministre a expliqué que les médecins libéraux pourraient vacciner contre la nouvelle grippe dans leur cabinet « à partir de la semaine prochaine, parce que la donne logistique a changé ». En l’occurrence, 5 millions de vaccins unidoses ont été reçus, et « nous avons un vrai stock de vaccins », a-t-elle précisé. La CSMF, s’est déclarée satisfaite de cette ouverture, mais l’a jugée trop tardive. « La détérioration de la confiance dans la vaccination est telle qu’il faut se demander s’il n’est pas déjà trop tard », a-t-elle commenté, fustigeant « une campagne de communication désastreuse », le « désordre des centres collectifs de vaccination » et «  les volte-face » de la ministre.

La revendication de la CSMF de faire participer les médecins libéraux à la campagne de vaccination était partagée par MG France. Son nouveau président, le Dr Claude Leicher, se déclare « furieux », à l’instar de la plupart des généralistes : selon lui, « ils ont été mis de côté au moment où ils auraient dû intervenir, on les a réquisitionnés au mépris des engagements qu’avait pris le ministère de la Santé, ils sont appelés aujourd’hui à la rescousse, trop tard peut-être pour tenter de rallier une population qui est désorientée par les discours contradictoires. Or, souligne le Dr Leicher, chaque année les généralistes, en vaccinant 14 millions de personnes contre la grippe saisonnière, apportent, sans bruit, la démonstration qu’ils disposent du savoir faire qui a manqué dans la vaccination contre la grippe A(H1N1). Il est dramatique qu’on lui ait préféré une logique militaire mise en place sous l’égide du ministère de l’Intérieur. »

Mme Bachelot a précisé que les généralistes seraient payés pour vacciner. Cet après-midi, les représentants de l’ensemble des URML, des syndicats, ainsi que le Dr Legmann, président de l’Ordre, ont rendez-vous avec elle, avenue de Ségur, pour conclure un accord sur la nouvelle donne vaccinale. Une rémunération sur une base forfaitaire devrait être adoptée, même si certains syndicats prônent l’application pure et dure de la nomenclature, avec des honoraires correspondant à 1 C.

 CH. D. (avec AFP)

Source : Le Quotidien du Médecin: 8682