Les médecins, des brutes ? Winckler frappe fort, ses confrères ripostent

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Publié le 05/10/2016
parisien winckler

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Crédit photo : « Le parisien »

« Votre médecin est-il une brute ? » La question choc fait la Une du « Parisien », qui consacre ce mercredi deux pleines pages au dernier ouvrage du Dr Martin Winckler (de son vrai nom Marc Zaffran), intitulé « Les brutes en blanc » (éditions Flammarion). Dans ce livre paru aujourd’hui, l’ex-généraliste, écrivain, expatrié au Québec, s’attaque une fois encore aux comportements de certains de ses confrères français (lire également cet article de 2013).

À travers des témoignages collectés au fil des mois, Martin Winckler y dépeint une médecine déshumanisée et des patients en proie à des praticiens maltraitants. Manque d’écoute, de respect, « trop souvent des médecins, parce qu’ils estiment faire partie de l’élite […] pensent qu’ils ont tous les droits, confie l’écrivain au” Parisien”. Ils se sentent supérieurs à ceux qu’ils soignent. Le problème est que cela peut-être très destructeur. »

Médecins bashing

Les réactions des médecins, en colère d'être pris pour cible par un confrère, n’ont pas tardé. Dès ce lundi matin, le Dr Jérôme Marty dénonçait une nouvelle campagne de « Docbashing ». « Votre médecin est-il une brute ? Mieux vaut rire de cette question plutôt que vomir… », s’insurge sur Twitter le président de l’UFML (Union française pour une médecine libre).

Le généraliste de Haute-Garonne appelle à ne pas faire de généralités à partir de témoignages. « Si des cas douloureux peuvent exister, rappelons que la profession médicale est une des plus encadrée, surveillée, transparente », écrit-il.

« Et les médecins qui se suicident 2,5 fois plus, on en fait un livre ? », ironise de son côté le Dr Jean-Paul Hamon. Le président de la FMF se dit choqué par l'initiative de son ex-confrère. « Je suis sûr que Winckler dit qu'il faut soigner comme lui seul le fait et ça ne me surprend pas. J'ai beaucoup aimé la “Maladie de Sachs” . Il aurait dû arrêter d'écrire après », confie-il au « Quotidien ».

« Il y a un problème d’honnêteté intellectuelle dans la démarche de Martin Winckler, regrette un généraliste, pourtant engagé à plusieurs reprises auprès de l’écrivain. Ces déclarations tombent à un très mauvais moment alors qu’il y a de fortes tensions entre les patients et les médecins. »

Sébastien Foucher, ex-président de l’ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France), a lui été « sidéré par cette Une » du « Parisien ». Il pointe « les limites d'une stratégie qui sous couvert de dénoncer des dérives engendre une suspicion généralisée ».

La formation à la française remise en cause

Dans un billet publié sur Internet en 2015, Martin Winckler avait pourtant longuement expliqué sa démarche. Pour l’ex-généraliste, « l’enseignement de la médecine en France est loin de mettre le patient au centre de ses préoccupations – et il maltraite aussi les professionnels ». Il vante davantage les mérites des modèles anglo-saxon et scandinave, où « la relation de soin comporte pour les médecins une obligation stricte de respect, en toutes circonstances, aussi bien dans les paroles que dans les gestes ». Au contraire, en France, « le respect des patients n’est pas du tout prioritaire », selon lui.

Tout n’est pas de la faute des médecins reconnaît cependant Martin Winckler. « La médecine générale est dévaluée par le gouvernement actuel, qui harasse les généralistes et veut leur imposer des réglementations toutes plus incompatibles avec un exercice tourné vers les besoins d’un patient », écrit-il. Sur ce point, au moins, il y a fort à parier que ses confrères lui donneront raison.


Source : lequotidiendumedecin.fr