LE QUOTIDIEN DES LECTEURS

Liberté d’installation : erreur de perspective

Publié le 23/11/2011
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Saint-Romain-sur-Cher (41)

Dr Jacques Sicard

Interdire la liberté d’installation ne réglera en rien le problème de la démographie médicale. Le vrai problème est dans le refus du libéral. Seulement 9 % des 3 000 internes en médecine générale vont choisir l’exercice libéral.

Les seules questions qui me semblent pertinentes sont :

- Comment redonner envie aux jeunes générations de revenir vers le libéral ?

- Comment éviter le départ des seniors vers le salariat ?

La coercition va pousser encore un peu plus les jeunes vers le salariat, aujourd’hui beaucoup plus confortable et sécurisant. Jusqu’en 2025, le nombre de postes salariés à pourvoir va être plus important que le nombre de médecins sortant des universités. À partir de ce constat, chacun pourra choisir entre obligation d’installation dans des zones sous-dotées et salariat dans une région de son choix.

Enfin, on ne peut pas fermer la Poste, les écoles, tous les services publics en milieu rural… et demander aux jeunes médecins de s’installer dans un monde rural transformé en désert.

Du sérieux pour les génériques

Besançon (25)

Dr Michel Guidet

Une « lettre de lecteur » publiée le 17 octobre par « le Quotidien » suscite chez moi surprise et questions. Comme patiente, j’utilise depuis longtemps des génériques lorsqu’ils existent, sans inconvénient apparent et avec la pleine approbation du cardiologue qui me conseille. Beaucoup de ces génériques proviennent de laboratoires connus, ayant par ailleurs leurs propres molécules princeps, gage probable de leur savoir-faire.

Notre consœur affirme d’une part et à l’indicatif que ces génériques « n’ont été soumis à aucun protocole attestant de leur efficacité » et d’autre part, et péremptoirement, « qu’ils sont d’une composition douteuse… aux dépens du produit actif dont ils modifient la biodisponibilité ». Comprenne qui pourra !

Aurait-elle procédé elle-même à des « protocoles » l’amenant à cette conclusion ? Sinon, pourrait-elle nous citer ses sources d’information pour le plus grand bien de tous et ainsi, nous permettre de juger du sérieux et de la valeur des sources en question… ou de leur caractère fantaisiste et intéressé.

Ce n’est pas là, me semble-t-il, une question et un problème mineurs et « le Quotidien du Médecin » s’honorerait en organisant une enquête complète et exhaustive sur le sujet.

• Réponse du Dr Gérard Kouchner, P-DG du « Quotidien du Médecin » :

Les propos de notre confrère soulèvent une question extraordinairement sérieuse.

Vous vous souvenez peut-être que nous avons consacré une « une » du « Quotidien du Médecin » à ce sujet (notre édition du 5 septembre 2011) des éventuelles différences d’activité entre génériques et princeps. En l’occurrence, il s’agissait de la colligation de différentes études qui toutes montraient au plan clinique d’importantes variations d’activité allant jusqu’à 60 % entre molécules princeps et génériques, concernant des antibiotiques injectables.

Au « Quotidien du Médecin », nous avons après ces premières analyses décidé de poursuivre les investigations dans ce domaine avec tout le sérieux et la rigueur scientifique nécessaires. Soyez assuré que nous ne laisserons pas à l’avenir ce sujet de côté.

Y’en a marre !

La Flocellière (85)

Dr Christian Bizot

Dans un peu plus de deux ans désormais, si ma santé me le permet, je vais prendre ma retraite. Je veux ici dire mon amertume et mon « ras-le-bol ».

Il n’y a donc plus un seul jeune médecin qui veuille exercer à la campagne un des plus beaux métiers du monde ? Après 35 années d’activité de médecin généraliste, dans un village de plus de 2 000 habitants, où j’ai exercé une médecine passionnante et enrichissante, prenant la suite de mon père qui s’était installé ici en 1945, je vais donc devoir partir sans successeur ? Pour moi, c’est un drame surmontable, mais que dire à mes patients ? Comment La Flocellière peut-elle se passer d’un médecin sur place ? Je ne comprends pas mes jeunes confrères qui pourraient avoir une activité passionnante dans un environnement confortable, avec toutes les facilités d’installation qui pourraient être proposées. Mais que veulent-ils donc comme activité ? Qu’est-ce qui les paralyse(...) ?

En 1976, nous avions le choix pour nous installer et notre Conseil de l’Ordre nous demandait de nous fixer définitivement après 3 années de remplacement. Les temps changent et aujourd’hui, entre 10 000 et 12 000 médecins ont, paraît-il, le statut de remplaçant parfois depuis plus de 10 ans, nombre bien suffisant de médecins qui pourraient combler les manques actuels dans beaucoup de communes rurales ! Et notre Conseil de l’Ordre qui ne dit rien : y’en a marre.

Le numerus clausus appliqué pendant de si longues années pour le concours d’entrée en médecine à « tué » un nombre important de vocations médicales chez des jeunes pourtant motivés et s’est accompagné d’une féminisation de la profession dont on ne mesure pas aujourd’hui l’impact sur la médecine générale. A-t-on calculé le nombre de candidates reçues en première année qui mènent ces études jusqu’à leur terme ? Et combien sur ce nombre font de la médecine générale ? Voilà des questions sur lesquelles nos instances dirigeantes (Ordre des médecins, ministère de la Santé, syndicats) devraient pouvoir nous donner des réponses. Pour en parler avec des confrères de ma génération, nous avons parfois l’impression que ces instances « marchent à côté de leurs pompes » et ne répondent pas à nos interrogations légitimes sur l’avenir de la médecine. Y’en à marre.

Pourquoi n’obligerait-on pas nos jeunes médecins fraîchement diplômés à s’installer quelques années dans des zones déficitaires, en « compensation » des études gratuites dont ils ont bénéficié ; un peu comme cela se fait pour nos médecins militaires qui « doivent » des années à l’Armée avant de pouvoir s’installer dans le civil ?

Comment accepter dans nos hôpitaux que des jeunes confrères spécialistes, soient rémunérés à 1 000 euros par jour pour assurer des remplacements en pneumologie, radiologie, rhumatologie ou d’autres spécialités ! Quel coût et quelle honte pour nos valeureux chefs de service ! Y’en à marre.

Que dire de l’envahissement de nos campagnes par des collègues roumaines qui profitent aujourd’hui de l’ouverture de nos frontières pour venir s’installer chez nous alors que tout le monde sait bien que l’équivalence de diplôme n’est pas une équivalence de compétence – comment peut-on exercer une médecine de proximité sans maîtrise de la langue française et sans permis de conduire ? Y’en a marre. (...)

Quand je partirai, dans les deux années à venir, si je ne trouve pas un confrère issu de nos facultés, je distribuerai, à contrecœur, les dossiers médicaux de mes patients à chacun d’entre eux. Hors de question de les donner à un successeur sans connaître son niveau de compétence.

Voilà mon cri du cœur de médecin de campagne qui a beaucoup reçu de ses patients et qui a aussi beaucoup donné pour eux. Je ne regrette rien et j’exerce toujours un métier formidable mais j’ai le profond sentiment que nous n’avons guère le soutien de nos instances professionnelles et que nous allons vers une catastrophe sanitaire dans nos campagnes, bientôt dramatiquement sous-médicalisées parce que nous n’avons pas su être « dirigistes » dans la formation et l’installation de nos jeunes confrères. Voilà pourquoi y’en a marre.

Mais – il y a toujours un « mais » – y’en a marre aussi : du CAPI ; des zones soit disant sous-médicalisées où les confrères, s’ils s’associent, touchent une prime de la Sécu équivalente à 20 % du chiffre d’affaires, non imposable ; des génériques de Bêtabloquant qui ne ralentissent pas le pouls ; des génériques d’antiépileptiques qui font « réapparaître » les crises chez des patients jusque-là équilibrés ; des DAM qui voudraient nous apprendre notre métier ; de tous ces papiers qui nous sont réclamés par les caisses et autres organismes payeurs (20 % du temps passé en écritures) et des certificats de toutes sortes demandés par les patients.

Nous sommes devenus les « gratte-papier » de notre société de consommation exigeant que le « parapluie médical » soit ouvert en permanence pour le bien-être de consommateurs indisciplinés qui chercheront toujours, le cas échéant, à nous rendre responsable de leurs avatars médicaux, vu qu’on a signé un papier ! Marre des « j’y ai droit » et autres « y’a qu’a faut qu’on » qui considèrent que la Caisse est une vache à lait qui ne leur donne que des droits et jamais de devoirs !

Voilà encore et pourquoi Y EN A MARRE.

Deux enfants français victimes d’une juridiction d’exception au Canada

Créteil (94)

Dr Mireille Sand

Oui, mes chers confrères, il existe encore des juridictions d’exception au Canada, avec tout ce que cela implique, concernant des milliers d’enfants.

Je prends la plume aujourd’hui, car deux de ces enfants sont mes petits-neveux, et en me renseignant sur Internet, je suis effarée et particulièrement inquiète quant au sort qui leur est réservé et à la gravité des séquelles psychologiques qui en résulteront.

Tout commence par une banale histoire de divorce entre deux Français à Montréal, affaire pour laquelle le juge attribue la garde des enfants, en garde partagée, au père et à la mère. La mère, mal conseillée, s’adresse alors à la Direction de la Protection de la jeunesse (DPJ) qui s’en mêle, et prononce arbitrairement l’annulation de ce jugement avec interdiction faite au père de savoir où, comment et avec qui vivent ses enfants.

Chaque fois que le père s’adresse à un tribunal canadien « normal », c’est-à-dire civil, la DPJ refait un jugement avec ses propres avocats, ses propres experts, ses propres psychologues, et ses propres juges qui à défaut de pouvoir l’annuler, bloquent le jugement civil, alors que le père a été lavé de tout soupçon par jugement.

Ces procédures visent à ruiner les parents (dix audiences à 5 000 dollars chacune ont eu lieu en 18 mois et autant sont encore prévues) afin de le décourager.

Le père a obtenu le droit de voir ses enfants 2 heures par semaine en présence d’un agent de la DPJ avec restrictions des conversations, en particulier interdiction de leur parler de leur famille paternelle qui ne peut les voir. Le plus grand, Maxime, presque 8 ans, a été enregistré suppliant son père d’appeler la police et de le ramener chez lui… Le plus petit aurait des traces de coups sur le visage…

Mes chers confrères, allez sur les sites Internet concernant la DPJ et vous serez édifiés sur la corruption à grande échelle au Canada et les tortures faites aux enfants (...), il y a vraiment de quoi être inquiet et catastrophé.

On est en droit de se poser cette question : pourquoi le gouvernement canadien couvre-t-il ces exactions, quelles horreurs faites aux enfants cela cache-t-il ? À quel niveau ?

Voilà mon propos, car quand cela concerne des enfants personne ne peut se taire.

La grand-mère, l’arrière grand-mère de 86 ans et moi-même pensons entamer une grève de la faim devant l’ambassade du Canada si la situation de Maxime et Nataniel n’évoluait pas rapidement favorablement.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9046