« Ne faudrait-il pas contraindre ? » : la commission d'enquête réclame à la profession des solutions urgentes contre les déserts

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Publié le 19/04/2018
cherche medecin

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Crédit photo : Phanie

Sur les chapeaux de roues ! Créée sous l'impulsion du groupe centriste UDI, Agir et Indépendants (ex-Les Constructifs), la commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des Français sur l’ensemble du territoire a démarré ses auditions ce jeudi, avec l'objectif affiché de trouver des solutions urgentes.

Étaient conviés pour cette première séquence les représentants des quatre Ordres (médecins, sages-femmes, chirurgiens-dentistes et pharmaciens) face à des députés de tous bords dont l'infatigable Philippe Vigier, député centriste d'Eure-et-Loir, et rapporteur de cette commission d'enquête anti-déserts médicaux. 

L'accès est-il garanti, oui ou non ? Que proposez-vous ?  

Lors d'échanges parfois musclés, les députés n'ont pas ménagé les représentants de l'Ordre des médecins. En dépit des mesures prises ces dernières années comme l'augmentation du numerus clausus, les multiples incitations financières à l'installation ou les bourses pour les jeunes médecins, « la situation s'aggrave et les perspectives à court et moyen termes sont difficiles », a cadré le rapporteur. « Il faut agir vite », enchérit le député Jean-Pierre Cubertafon (MODEM). « L'accès aux soins sur tout le territoire est-il aujourd'hui garanti, oui ou non ? S'il ne l'est plus, il faut être capable de prendre des solutions fortes. Quelles sont les mesures urgentes ? Que proposez-vous ? », mitraille Philippe Vigier, auteur de diverses propositions visant à contraindre l'installation des médecins

Sans être ébranlé, le Dr François Simon, président de la section professionnelle de l'Ordre national, a rappelé que toute mesure coercitive détournerait les jeunes médecins de l'exercice libéral. Il a en revanche énuméré les nombreuses propositions ordinales, fruit d'une enquête réalisée en 2015 auprès de la profession : augmenter les stages dans les territoires, réformer la PACES, recruter des maîtres de stages, favoriser les regroupements physiques et virtuels… « Les maisons de santé ne sont qu'un modèle », insiste le conseiller ordinal.

Service civil sanitaire

Cette présentation n'a guère calmé les élus. « Dans mon département, à Saint-Quentin-en-Yvelines, nous n'avons pas davantage de médecins qu'en zone rurale ! Que devons nous faire pour trouver des médecins ? En situation d'urgence, ne faudrait-il pas contraindre, à un moment donné ? », suggère Didier Baichère, député des Yvelines (LREM) et vice-président de la commission d'enquête.

L'Ordre est resté droit dans ses bottes. « La mesure urgente est d'inciter les jeunes étudiants thésés à aider dans les zones sous-dotées. C'est en quelque sorte un service civil comme le préconisent les doyens », réplique le Dr François Arnault, délégué général aux relations extérieures du CNOM.

Faut-il relever le numerus clausus, ou même carrément le supprimer, lancent des députés, alors que la réflexion sur ce « verrou » à l'entrée des études médicales est lancée par le gouvernement dans le cadre de la transformation du système de santé. « Pourquoi ne pas déplafonner ? Le problème est que les capacités de formation sont limitées » rétorque le Dr François Simon (CNOM).

Pharmaciens dans les starting-blocks

La présidente de l'Ordre des pharmaciens, Carine Wolf-Thal, ne manque pas de propositions pour libérer du temps médical. Les officinaux pourraient renouveler les traitements des patients chroniques, sous l'autorité des médecins, assurer eux-mêmes d'autres vaccinations (extension des expérimentations grippe, rougeole) ou encore réaliser des téléconsultations à l'officine… « Ce sont des pistes possibles. Au législateur d'ouvrir les champs du possible », propose Carine Wolf-Thal. Elle révèle que des projets portés par sa profession (dans le cadre de l'article 51 sur les innovations organisationnelles) visent à expérimenter la prise en charge à l'officine de pathologies bénignes…

Au chapitre des pratiques avancées, l'Ordre des sages-femmes, pas en reste, revendique l'élargissement des compétences de cette profession en matière de pratique des vaccinations ou de prescription de certains dépistages. « La seule pratique avancée envisagée aujourd'hui est celle des infirmières », modère le Dr François Simon, qui rappelle que l'Ordre des médecins encourage toutes les initiatives.


Source : lequotidiendumedecin.fr