La revue « Prescrire » a révélé ses palmarès 2017 (médicaments, conditionnement et information). Pas de Pilule d’Or cette année (pour la troisième année consécutive), mais un médicament au tableau d’honneur (Strensiq) et deux cités au palmarès (Perjeta et Truvada). Une palme est octroyée pour le conditionnement (du générique Mylan du Truvada), accompagnée de 3 cartons jaunes et 20 cartons rouges. Et côté information, 8 firmes sont mises à l’honneur mais 12 reçoivent une lanterne rouge.
Le Strensiq (asfotase alfa) d’Alexion est destiné aux formes périnatales et infantiles d’hypophosphatasie. « Cette maladie héréditaire rare connaît une mortalité proche de 100 % dans sa forme périnatale », précise Antoine Grandvuillemin, du bureau de la revue « Prescrire ». « Il reste cependant beaucoup d’inconnues sur le progrès net, et il manque des données à propos de l'effet sur les autres complications. »
Perjeta (pertuzumab) de Roche fait partie du palmarès 2017 (alors qu’il a été mis sur le marché en 2013) parce que les résultats finaux sont disponibles seulement maintenant. « Il permet un allongement de la durée de vie de 16 mois chez certaines patientes », ajoute Antoine Grandvuillemin. Ce médicament est destiné aux patients présentant un cancer du sein métastasé, en association avec trastuzumab et docétaxel.
Quant au Truvada (emtricitabine + ténofovir disoproxil) de Gilead Sciences, destiné à la prévention de la transmission du VIH chez les patients à haut risque, Antoine Grandvuillemin souligne que « la seule protection totale demeure le préservatif, et que le Truvada peut donner un sentiment trompeur de protection, et fait courir des risques d’augmentation des autres IST. »
Les médicaments primés concernent donc des domaines différents (cancérologie, infectiologie et maladies rares). L’équipe de « Prescrire » a salué les équipes des firmes qui ont permis la mise au point des médicaments primés, les équipes de recherche à l’origine de ces découvertes, mais aussi, les associations de patients qui ont effectué certaines pressions (soulignant ainsi le rôle d’AIDES pour que la prise discontinue de Truvada soit évaluée et autorisée).
Un génériqueur à l’honneur en conditionnement…
C’est aussi l’association emtricitabine + ténofovir disoproxil, mais sous sa forme génériquée, par Mylan, qui a obtenu la palme 2017 du conditionnement. Jérôme Sclafer, responsable de la rédaction a ainsi précisé les « améliorations des conditions apportées par Mylan par rapport au Truvada. » La présentation en plaquettes unitaires à alvéoles prédécoupées « offre l’avantage d’une dispensation unitaire, de la lisibilité et de la traçabilité », indique-t-il. « Le conditionnement sous forme de flacon vrac (comme Truvada) est inacceptable. »
La revue « Prescrire » a par ailleurs donné trois cartons jaunes pour le conditionnement (vogalib, bactérix, skudexum) et 20 cartons rouges (de Mucrodrill à Humex mal de gorge, en passant par Nausicalm et Delprim). Dans le viseur : les gammes ombrelles, la minimisation de la DCI, et l’insuffisance d’information concernant la substance et pouvant exposer à des dangers.
La revue a souligné l’intérêt du pictogramme « femmes enceintes » (mis au point suite à l’affaire Dépakine) tout en signalant qu’il faut « être conscient de ses limites : une information en plus dans la notice est nécessaire. »
… et en information
La revue « Prescrire » s’adresse régulièrement aux laboratoires pharmaceutiques pour obtenir différentes informations. Certaines jouent le jeu, d’autres pas. Côté lanternes rouges, 12 firmes font figure de mauvais élèves (BMS, Effik, Genévrier, Genzyme, Janssen Cilag, Kyowa Kirin Pharma, Menarini, MSD, Pfizer, Swedish Orphan Biovitrum, The Medicines Company, UCB pharma), et une dizaine sont à l’inverse mises à l’honneur (Advicenne, Arrow génériques, Bioproject pharma, Delbert, MDECA, Mylan, Nordic Pharma). La première d’entre elles, EG labo, un génériqueur, l’est depuis 2013. Ayah Hakim a regretté que « peu de firmes jouent le jeu de la transparence ».
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