Dr Pierre Poulet, médecin généraliste à Douai (Nord) : « Aucune différence entre l’acte intellectuel d’un généraliste et d’un spécialiste »
« Étant qualifié spécialiste en médecine générale, il serait parfaitement logique et légitime de coter mes actes en CS. Cela fait des années qu’on en parle. Pour moi dans l’idéal il n’y a même pas de débat : C = CS, il n’y a aucune différence entre l’acte intellectuel d’un médecin généraliste et d’un médecin spécialiste qui bénéficie pourtant d’honoraires plus élevés. Cela dit, dans ma pratique quotidienne, je soigne une population modeste et je ne vais pas leur imposer d’autorité encore un euro supplémentaire, les caisses se chargent déjà bien de grignoter… »
Dr Jean-Christophe Pichon, médecin généraliste à Foix (Ariège) : « Pas une mauvaise idée »
« Sur le papier, coter CS, ce n’est pas une mauvaise idée ! Qu’il y ait une équité tarifaire, je trouve que c’est très bien et parfaitement normal car l’exercice de la médecine générale, ça n’a rien d’évident. Notre consultation mérite le même prix puisque nous sommes désormais des généralistes « spécialistes », même si cette dénomination me fait un peu sourire - c’est comme les instituteurs devenus professeurs des écoles… Cela dit, si je suis le seul " pelé " du coin à prendre un tarif différent, ce n’est pas évident, je veux voir comment mes confrères du secteur et de l’Ariège se comportent. La question du remboursement de nos patients est évidemment un frein. »
Dr Xavier David, médecin généraliste à Sainte-Menehould (Meuse) : « Légitime mais pas le bon moment ! »
« La cotation CS, c’est logique, légitime mais ce n’est pas le bon moment ! Aujourd’hui, on est en train de taper sur les stock-options, sur les bonus, les gens souffrent, ont de graves difficultés financières, moi ça me gênerait de passer au CS à 23 euros dans ce contexte général de crise. Je travaille aussi à l’hôpital. Franchement, en ce moment, plutôt que de gagner plus d’argent et d’en donner davantage à l’État, je préférerais m’arrêter huit jours ! »
Dr X., médecin généraliste remplaçante à Talence (Gironde) : « Pas prête »
« J’ai le dossier de demande de qualification de spécialiste en médecine générale depuis plusieurs jours mais je ne l’ai pas renvoyé. Diplômée depuis sept ans, je vais le faire car je veux faire reconnaître mon diplôme. Mais je ne sais pas si je me sentirais déjà prête à demander 23 euros pour une consultation.
Et d’ailleurs pourquoi seuls les généralistes qualifiés spécialistes pourraient demander 23 euros ? Je ne sais pas quoi penser car il me semble normal que les médecins spécialistes qui ont fait des études plus longues soient mieux payés que moi. »
Dr Olivier Defaux, médecin généraliste à Marville (Meuse) : « Pas le tarif officiel… »
« J’ai obtenu ma qualification de spécialiste de médecine générale mais je ne demanderai pas 23 euros pour une consultation car ce n’est pas le tarif officiel de la Sécurité sociale et j’aurais peur que mes patients ne soient pas remboursés. Je ne suis pas à un euro près. Moi, je rêve de la
libéralisation totale de la médecine pour sortir du cadre de l’Assurance-maladie. Je suis écuré de l’administration de la Sécu. Moins on aura de contraintes administratives, mieux on pourra travailler ! »
Dr Franco Pierangelo, médecin généraliste à Arc-sous-Cicon (Doubs) : « Un signe de reconnaissance »
« Je suis qualifié spécialiste depuis que la loi le permet, il y a environ deux ans. J’ai côté CS puis j’ai arrêté quand le tribunal de Valence a déclaré que c’était illégal. Depuis, je n’ai pas réappliqué le CS pour ne pas remettre de l’huile sur le feu. J’ai accueilli la décision de la Cour d’appel de Grenoble avec une immense joie. C’est le premier signe de reconnaissance de la médecine générale depuis la liquidation de l’option de médecin référent. Jusqu’à présent, on nous considérait comme des spécialistes de seconde zone. Un euro en plus, je n’en ai rien à faire ! Pour moi, il est logique d’appliquer le CS à partir du moment où on est qualifié spécialiste de médecine générale. Sinon, c’est comme si on avait le permis de conduire et seulement le droit de conduire une voiture sans permis ! D’ailleurs, il faudrait qu’à l’avenir tous les médecins traitants soient des médecins spécialistes de médecine générale. »
Dr Sylviane Biot-Laporte, médecin généraliste à Lyon (Rhône) : « Coter CS à la carte… »
« J’exerce en alternance avec mon associé, l’un le matin, l’autre l’après-midi. Je suis qualifiée spécialiste en médecine générale, mais pas mon associé qui n’a pas eu le temps de le faire. Si bien que je ne sais pas comment faire pour ne pas prendre mes patients en otage. Si je décidais de coter « CS », je crois que je le ferais… à la carte. Pour mes patients au chômage (ils sont nombreux), je coterais « C », mais pour les autres plus à l’aise, je n’hésiterais pas à le faire. »
Dr Anne Maréchal-Dinelli, médecin généraliste à Fontaine-le-Bourg (Seine-Maritime) : « Oui, à condition d’expliquer au patient. »
« J’ai ma qualification de spécialiste en médecine générale et coter en « CS » ne me chiffonnerait pas, même si je ne le fais pas actuellement. Je consacre entre 25 et 30 minutes à chacun de mes patients, et quand je vois que beaucoup de spécialistes font des dépassements presque tout le temps, je me dis que coter « CS » serait légitime, à condition d’effectuer un travail d’explication en direction des patients. »
Dr Jean-Pierre Bled, médecin généraliste à Annet-sur-Marne (Seine-et-Marne) : « Si on a des consignes syndicales… »
« Cela fait près d’un an que je suis qualifié spécialiste de médecine générale et je pense qu’un euro supplémentaire serait une petite bouffée d’oxygène. Mais je ne suis pas sûr que ce serait bien perçu par les associations d’usagers. Mes patients trouvent tout de même que 22 euros la consultation,ce n’est pas cher payé comparé à certains tarifs de spécialistes du secteur II de notre région. Demander 23 euros pour la consultation ? Si on a des consignes syndicales… Mais ça sera un frein si l’assurance-maladie ne rembourse rien ! »
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