Lors du congrès de la FMF, les adhérents syndicaux ont planché sur les relations qui peuvent se crisper entre généralistes et psychiatres libéraux dans un contexte de forte demande et de pénurie de moyens.
Dernier épisode : un décret paru le 7 mai autorise les médecins traitants, scolaires et pédiatres à prescrire des consultations psychologiques afin de prévenir la souffrance psychique chez les jeunes de 11 à 21 ans. Ces consultations psy seront remboursées par la Sécurité sociale (sur les crédits du fonds d'intervention régional), dans la limite d'un forfait de douze séances, dans le cadre d'expérimentations.
Lors d'un atelier du congrès de la FMF, des psychiatres ont fait part de leur incompréhension totale. « Une séance chez un psychologue coûte 50 euros, tandis que l'acte du psychiatre est coté 37 euros – bientôt 39 avec la nouvelle convention », s'alarme un spécialiste. « Les psychologues peuvent pratiquer des psychothérapies, je n'y vois pas d'opposition... à condition que cela ne se fasse pas au détriment d'autres », renchérit sa voisine. Certains psychiatres regrettent au passage l'ouverture aux psychologues de l'inscription au répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS), étendu en avril par arrêté à toutes les professions réglementées qui interviennent « dans le système de santé ». Une forme de confusion de genres qui ne convient guère aux praticiens.
« Nous ne sommes pas comptables de la disparition de la pédopsychiatrie, qui a perdu 48 % de spécialistes en dix ans, s'indigne le Dr Catherine Gindrey, pédopsychiatre, élue FMF en Normandie. Mais on ouvre la responsabilité de la santé à des professionnels qui n'en sont pas issus. Les délégations de tâches doivent se faire uniquement avec les professionnels concernés, c’est-à-dire les psychiatres et les autres médecins libéraux. »
Difficultés d'accès
Avec une démographie en berne, les médecins reconnaissent les difficultés dans la prise en charge de la santé mentale. Il est de plus en plus compliqué d'accéder à des soins psychiatriques en libéral. « Les délais s'allongent alors que 50 % des psychiatres ont plus de 60 ans, souligne le Dr Joël Bardel, psychiatre à Levallois-Perret. Depuis les années 80, les lits de psychiatrie ont largement diminué, passant de 170 000 à 75 000. » Les médecins généralistes en quête d'un avis d'expert affrontent eux aussi de graves difficultés. « La communication est parfois compliquée, nous aurions besoin d'un éclairage pour des patients éligibles au classement en ALD, un changement de traitement ou des pistes de diagnostic », témoigne un généraliste.
Des initiatives locales ont émergé sur la coordination en matière de santé mentale. « Dans les Yvelines, un dispositif de soins partagés permet de raccourcir les délais d'attente, explique une généraliste. Nous remettons une lettre au patient, qui est reçu dans la semaine, à l'hôpital de Versailles ou de Plaisir, par une infirmière psychiatrique, un psychiatre ou un psychologue selon les cas. Il est ensuite renvoyé avec une expertise. » Un dispositif similaire existe en Midi-Pyrénées avec des psychiatres libéraux.
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