Tiers payant : la profession rejette la solution de la Sécu et des complémentaires

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Publié le 22/02/2016
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Les médecins libéraux n'ont pas été convaincus par les solutions techniques retenues par les caisses nationales d'assurance-maladie (CNAM, MSA et RSI) et de l'association des organismes complémentaires pour généraliser la dispense intégrale d'avance de frais.

Pire, ils sont aujourd'hui persuadés que le tiers payant généralisé ne verra jamais le jour. « Après le Conseil constitutionnel, le rapport des régimes obligatoires et complémentaires enterre à son tour le tiers payant généralisé », assène MG France. Les médecins réclamaient un flux unique de paiement pour ne pas avoir à vérifier le recouvrement des 450 organismes complémentaires. Las. La solution retenue par la Sécu et les complémentaires permettra une réconciliation des flux mais elle interviendra sur le logiciel du médecin. « Pratiquer le tiers payant généralisé dans ces conditions est déraisonnable car ce n’est ni fiable, ni simple, ni sécurisé », confie au “Quotidien” le Dr Claude Leicher, patron de MG France, qui dissuade les généralistes de pratiquer la dispense d'avance de frais sur la part complémentaire pour ne pas les exposer à des « risques techniques et financiers ». Le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF déplore également « la magnifique usine à gaz du côté des complémentaires ». « Pour suivre l'évolution des factures par exemple, il faudra mettre à jour nos logiciels. Or tout cela va avoir un coût, pour le médecin bien sûr. Quant au paiement, on n'a aucune garantie pour le moment. Bref, il est urgent de ne pas le faire et de poursuivre la désobéissance civile ! »

Le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, encourage également les praticiens à refuser « cette charge supplémentaire ». Il s'oppose tout particulièrement au contrat technique commun de tiers payant que proposent les complémentaires aux médecins pour leur permettre de connaître les droits AMC de leurs patients. Une telle contractualisation poserait selon lui « la première pierre des réseaux de soins pour les médecins ». Le Syndicat des médecins libéraux (SML) déplore un dispositif édifié pour les complémentaires « qui ne répond pas aux principales questions des médecins. »

Les jeunes généralistes du SNJMG pointent l'incapacité des financeurs à leur proposer un tiers payant efficient. « Ce projet ne correspond pas aux engagements de la ministre de la Santé. Elle avait promis que les médecins n'auraient à faire qu'un seul geste pour déclencher le paiement », conclut le SNJMG.

 

Christophe Gattuso

Source : Le Quotidien du médecin: 9473