Suicide des médecins

Hommage à une jeune remplaçante

Publié le 24/03/2009
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TRISTE coïncidence. Le Dr Sylvain Dauguet revenait des obsèques d’une jeune consœur, en Bretagne, quand il a lu dans nos colonnes quelques lignes relatives au suicide des médecins. Il a jugé important de témoigner.

« En assurant une garde de secteur le lundi 16 mars, j'ai pris connaissance de l'article du « Quotidien du Médecin » du même jour dans lequel le Dr Yves Léopold, vice-président de la CARMF (Caisse autonome de retraite des médecins de France), «  attirait l'attention des médecins sur la question du suicide dont l'incidence est deux à trois fois supérieure dans la population médicale que dans la population générale et qui touche d'une façon beaucoup plus dramatique les femmes médecins que les hommes  ».

Le matin même, nous nous étions recueillis auprès de Julie, jeune femme remplaçante de notre secteur qui venait de mettre fin à ses jours quelques heures seulement après un remplacement assuré avec dévouement.

Il y a peu, ce dévouement avait été salué dans la presse par une famille reconnaissante lors d'un accompagnement de fin de vie, hommage suffisamment rare, chez un médecin remplaçant, pour être signalé.

Ces disparitions de médecins, et plus, particulièrement de femmes médecins, soulèvent bien des interrogations sur la longueur et la pénibilité des études, la difficulté d'assurer études et vie de femme avec une mobilité supplémentaire engendrée par l'ENC, la solitude et le poids des responsabilités du soignant, la difficulté de gérer travail, vie personnelle ou vie de famille, pour les hommes et peut être plus encore pour les femmes, tandis que le taux de féminisation est élevé dans la jeune génération.

Loin de toute idée indécente de récupération ou polémique il est nécessaire, en cette période de réforme, de réfléchir d'urgence aux questions soulevées par ces disparitions et d'analyser leurs raisons. Il semble désormais souhaitable de rechercher dans les multiples contraintes et obligations de la profession (scientifiques, éthiques, légales, administratives, statistiques etc.), toujours croissantes les causes un tel écart avec la moyenne nationale. »

Le Quotidien du Mdecin

Source : lequotidiendumedecin.fr