DE NOTRE CORRESPONDANT
SANS GRANDS ENJEUX et peu passionnées, les élections législatives allemandes de dimanche devraient, sauf coup de théâtre, assurer à la chancelière Angela Merkel un renouvellement de son mandat. Loin derrière les principales préoccupations électorales des Allemands, la santé est peu abordée dans les programmes des candidats. Il faut dire que l’assurance-maladie affiche une santé éclatante et des budgets en excédent, obtenus au prix d’une politique d’économies draconienne.
Pour être précis, l’assurance-maladie a dégagé un excédent de 1,2 milliard d’euros au cours des six premiers mois de cette année (83,8 milliards de dépenses et 85 de recettes, du 1er janvier au 30 juin) et devrait donc finir 2009 avec un solde positif, même en comptant le milliard de dépenses supplémentaires occasionné par l’achat de vaccins contre la grippe A(H1N1)v. Une petite partie des excédents devrait, en outre, servir à revaloriser certains honoraires médicaux. Les 8 milliards de dettes anciennes ont été apurés entre 2004 et 2009, et l’assurance-maladie dispose désormais d’une réserve de près de 5 milliards.
La ministre de la Santé, Ulla Schmidt, a bien sûr mis en avant ces bons chiffres dans son bilan, même si l’opinion s’est beaucoup plus passionnée pour le « scandale » de ses vacances d’été : début août, elle s’est rendue à Alicante, en Espagne, avec sa grosse Mercedes de fonction, conduite par son chauffeur. Mais la voiture a été volée sur un parking, et l’affaire, ainsi ébruitée, a fait les gros titres des médias, avant que la ministre ne démontre finalement que l’usage privé de cette voiture, retrouvée entre-temps, pouvait surprendre mais n’avait rien d’illégal.
Les médecins acquis au petit parti libéral FDP.
Les médecins, eux, s’attendent majoritairement à une réélection d’Angela Merkel, mais ne sont que 23 % à la désirer : selon un sondage publié par le quotidien médical allemand « Ärzte Zeitung », les généralistes sont 56 % à souhaiter une victoire – improbable bien entendu – du petit parti libéral FDP, et à peine 4,8 % à plébisciter le SPD, les sociodémocrates emmenés par Frank Walter Steinmeier, parti auquel appartient par ailleurs Ulla Schmidt, dans le cadre de l’actuelle coalition gouvernementale. Comme le note le journal, le fort soutien aux libéraux s’explique avant tout par le fait que ce parti est le seul à dénoncer « l’étatisation » croissante du système de soins et les carcans de plus en plus lourds dans lesquels sont enfermés les professionnels de santé. Les médecins ont l’impression d’y étouffer, mais sont conscients que, dans ce domaine, les politiques de la CDU, le parti d’Angela Merkel, et des sociodémocrates sont globalement identiques.
Les chiffres actuels de l’assurance-maladie, flatteurs, ont été obtenus au prix d’une politique extrêmement sévère de maîtrise et de contrôle des dépenses qui, selon les médecins, mène désormais au rationnement de nombreuses prestations. La dernière grande mesure, introduite en janvier 2009, a été l’instauration du « Fonds national de santé », un « pot commun » dans lequel sont versées toutes les cotisations de tous les assurés, avant d’être redistribuées en fonction du « profil » démographique et médical de chaque patient. Ce fonds de santé, certes efficace, déplaît d’autant plus aux médecins qu’il est national, alors que les répartitions étaient autrefois régionales ; il leur impose par ailleurs des contrôles et des « profils d’actes » par pathologie et par patient encore plus lourds qu’auparavant. Peu enthousiastes devant cette politique, contre laquelle ils ont d’ailleurs manifesté à plusieurs reprises au cours de la législature écoulée, ils n’en sont pas moins conscients que les choses ne changeront guère le lendemain de l’élection. Quel que soit le vainqueur.
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