La publication du règlement arbitral n’en finit plus de provoquer des remous au sein de la profession. Après les syndicats il y a quelques jours, c’est un médecin de terrain qui appelle ses confrères à réagir. Dans une tribune initialement publiée par le « Midi Libre », et qu’il a fait parvenir au « Quotidien » (voir ci-dessous), le Dr Jean-Pierre Serrou, généraliste à La Grande-Motte (Hérault) et président de la CPTS locale, dénonce l’augmentation « ridicule », selon lui, du tarif de consultation fixé à 26,50 euros pour les généralistes et à 31,50 euros pour les autres spécialistes.
« Le gouvernement a décidé de ne revaloriser les honoraires que de 1,50 euro, quelle belle farce ! », écrit le médecin pour qui cette question de la rémunération est cruciale dans l’attractivité de la médecine libérale. « Le collectif Médecins pour demain demandait 50 euros, ce n’était pas n’importe quoi, c’est la moyenne européenne », confie le médecin au « Midi Libre ».
Aligner le tarif des généralistes sur celui des autres spécialistes
Le Dr Jean-Pierre Serrou milite, lui, pour un alignement du tarif des généralistes sur celui des autres spécialistes. « Pourquoi il y a deux tarifs ? Le vrai combat à mener, ce n’est pas 30 euros comme certains le réclament mais 31,50 euros. On est une spécialité, il faut en être fier ! On ne volera rien à personne en s’alignant sur ce montant », justifie le médecin, contacté par « Le Quotidien ».
Il appelle aujourd’hui ses confrères généralistes à revendiquer de meilleurs honoraires, en ligne avec leurs compétences, les diplômes supplémentaires acquis au fil des ans, et les efforts consentis pour améliorer l’accès aux soins. Quitte à facturer certaines consultations 31,50 euros, sans l’aval de la caisse.
« Attention, cela ne doit pénaliser personne, prévient le Dr Serrou. Il faut en discuter avec les patients et ceux qui souhaitent soutenir notre revendication, ils peuvent nous régler cette somme. La demande doit venir d’eux. » Le médecin a bien conscience que la situation ne se présentera peut-être « qu’une ou deux fois par jour », mais cela participe à une volonté de « reprendre les choses en main ».
« Ce n’est pas aux politiques, qui ne connaissent pas le terrain de décider pour nous. Réveillez-vous ! Il faut prendre le taureau par les cornes », dit-il à ses confrères en les invitant à se réunir et à faire des propositions. Le médecin ne manque pas d’idées. Il plaide pour une revalorisation des astreintes, milite pour le développement des maisons de santé, lance l’idée de bataillons de médecins de jour et de nuit pour assurer la continuité d’accès aux soins, propose de lancer des bus de prévention pour sillonner le territoire comme cela a été fait dans sa CPTS…
« Il faut le faire main dans la main avec les patients et sans chercher l’opposition avec les politiques », insiste-t-il. « Faisons-le sans attendre », écrit-il appelant ses confrères à faire de même. « Gardons cette foi de croire que nous allons être entendus », écrit le Dr Serrou qui refuse de se résigner.
Passage en force pour revaloriser le C
L’idée de revaloriser le tarif du C en dehors de la convention est dans l’air du temps au sein de la profession. Cette semaine, « Le Quotidien » relayait une initiative lancée sur les réseaux sociaux par des médecins de terrain menaçant de passer « sauvagement » le C à 30 euros, malgré les risques de sanction. Parti de la base, le mouvement n’est pas soutenu officiellement par les syndicats de libéraux. « On risque malheureusement d'avoir des confrères attaqués en justice par l'Assurance-maladie », alerte la Dr Sophie Bauer, présidente du SML.
Malgré cela, un sondage réalisé en ligne par le Dr Richard Talbot indiquait que près de 70 % des votants (1 736 participants) se disaient prêts à majorer de 5 euros leurs actes. Une enquête non représentative à prendre bien sûr avec des pincettes. Rien n’indique que ces médecins seront prêts à passer à l’acte… et que leurs patients accepteront cette augmentation.
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