La désertification médicale, une fatalité ? 

Trois jeunes ORL s'installent à Saint-Denis grâce à un prêt santé

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Publié le 04/11/2019
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En Seine-Saint-Denis, trois ORL ont ouvert un cabinet de ville à la faveur d'un prêt à taux zéro et d'un dispositif d'accompagnement, contribuant ainsi au dynamisme économique local. 
Les trois jeunes médecins arrivent quand deux ORL partent

Les trois jeunes médecins arrivent quand deux ORL partent

Alors que le gouvernement a officialisé jeudi dernier à Bobigny une batterie de mesures sociales et sanitaires pour le département de la Seine-Saint-Denis, trois médecins ORL contribuent à leur niveau à repousser les frontières de ce désert médical en décidant de s'installer à Saint-Denis.

En mars dernier, les Drs Chloé Leneveu, Mareva Simonnet et Marine Borgat ont ouvert un cabinet de groupe au sein de la clinique du centre cardiologique du Nord (CCN) et partagent leur temps avec le centre hospitalier. « Nous avons choisi de nous installer à Saint-Denis car nous sommes toutes les trois praticiens hospitaliers à l'hôpital Delafontaine, où nous opérons. Cela nous permet donc d'avoir nos deux lieux d'exercice et nos patients à proximité », explique le Dr Borgat, 33 ans, l'une des trois ORL.

Les jeunes médecins se sont installées avec le concours d'Initiative Plaine commune, une plateforme locale rattachée à Initiative Ile-de-France, qui accompagne les entrepreneurs (gestion, expertise financière, juridique, comptable). Elles ont obtenu dans ce cadre un prêt à taux zéro avec le Crédit agricole, de 14 000 euros chacune, auxquels se sont ajoutés leurs apports personnels. « Cela nous a permis d'investir dans du matériel technique, des microscopes et des fibroscopes », précise le Dr Borgat.

Surtout, leur installation est intervenue à temps : « Il n'y avait plus que deux médecins ORL à Saint-Denis, l'un est parti à la retraite et l'autre s'en va dans un an », souligne le Dr Borgat. La patientèle vient aussi du Val-d'Oise, département limitrophe également en pénurie, où les délais d'attente pour un rendez-vous dans cette spécialité dépassent les trois mois.

Trois reprises de pharmacies

Ce prêt santé peut aller jusqu'à 50 000 euros par projet en renforcement de fonds propres. « L'objectif est de créer du dynamisme économique local, avec les spécificités de chaque territoire, explique Baptiste Journet, délégué général d'Initiative Plaine commune. Pour le 93, il s'agit notamment de la désertification médicale. »

Quatre projets ont été accompagnés et financés en 2019 avec l'aide de la structure locale. Outre le cabinet d'ORL, trois pharmacies ont été reprises : une à Aubervilliers, une à Saint-Denis et enfin une à Villetaneuse. « Nous sommes aussi en train d’accompagner une sage-femme à Pierrefitte ; un centre médical et un cabinet de kinésithérapie sont dans les tuyaux », précise Baptiste Journet.

Depuis le lancement du prêt santé en novembre 2018, une vingtaine de projets de professionnels de santé ont été financés en région francilienne. Dans 62 % des cas, il s'agissait d'une installation de professionnels, précise Initiative Ile-de-France. La moitié s'est implantée dans des zones prioritaires, telles que définies par l'agence régionale de santé (ARS).

M.F

Source : Le Quotidien du médecin