« J'appelle à la dissolution de l'Ordre national des médecins car je suis convaincue qu'il ne remplit pas correctement ses missions », clame ce vendredi la Dr Aurélie Godineau.
La généraliste de 42 ans, installée à la maison de santé de la Bastide-de-Sérou (Ariège) est l'un des six médecins poursuivis par l'Ordre pour avoir refusé de payer leur cotisation ordinale pour les années 2020 et 2021. L'audience était initialement prévue ce vendredi 17 juin, au tribunal de Foix, mais elle a été reportée au 14 octobre (à la suite de la demande de leur avocat). Malgré la canicule, un petit rassemblement de soutien aux médecins poursuivis a eu lieu devant le tribunal, à l'appel du Mouvement d’insoumission aux Ordres professionnels (Miop) et du syndicat de la médecine générale (SMG).
Exerçant depuis 11 ans dans la maison de santé, la généraliste, elle-même adhérente au Miop, au SMG et à l'association Meuf (pour une médecine engagée, unie et féministe), avait pris cette décision solidaire en 2020, lorsqu'elle avait appris que le Dr Michel Busch, membre de Miop, avait été convoqué devant tribunal de Foix pour n'avoir pas payé sa cotisation. « Au même moment, j'ai pris connaissance du rapport accablant de la Cour des comptes sur l'Ordre des médecins. Alors, j'ai décidé de ne payer partiellement ma cotisation en 2020 comme l'avait fait mon confrère », confie-t-elle aujourd'hui au « Quotidien ».
Pas prix au sérieux
Sa démarche ne fut pas isolée car trois autres médecins de la maison de santé (sur quatre) avaient décidé de la suivre. « Nous avons envoyé en 2020 un courrier à l'Ordre pour leur expliquer notre refus », explique la Dr Godineau. Aussitôt, les omnipraticiens avaient reçu des courriers de l'Ordre départemental les « intimant » de régler leur cotisation, faute de quoi l'instance saisirait le tribunal.
« J'avais assisté ensuite à l'audience du Dr Busch qui n'avait pas d'avocat, raconte la Dr Godineau. J'avais trouvé qu'il n'avait pas été pris au sérieux par le tribunal, c'est pourquoi nous sommes aujourd'hui assistés par un avocat. Cela permet de légitimer notre démarche collective sur des fondements juridiques et notre combat politique ». Créé en 2016, le Miop ferraille contre l'instance ordinale qualifiée de « structure réactionnaire » et d'« organisation corporatiste opaque ».
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