Alors qu’en septembre 2020, les laboratoires de biologie médicale faisaient face à une embolisation liée aux tests Covid, trois professionnels de santé auraient trouvé une solution imparable pour rendre les résultats dans les temps : ne pas analyser les prélèvements. Rattrapés par la patrouille, un médecin, un biologiste et un pharmacien ont été mis en examen pour avoir envoyé près de 500 faux certificats négatifs.
« Les prélèvements en question étaient bien réalisés mais ils ne faisaient l’objet d’aucune analyse », a précisé le parquet de Nice à « 20 Minutes ». Des résultats frauduleux - toujours négatifs donc - étaient ensuite retournés aux patients, grâce à des saisies manuelles, sans que les échantillons n'aient été dépistés. Les faits se seraient déroulés entre septembre et octobre 2020, au sein du réseau Eurofins Labazur iLab dans le Var et les Alpes-Maritimes.
Dans les temps
C’est une patiente, étonnée d’avoir reçu un test négatif alors qu’elle s’était ensuite révélée positive, qui a donné l’alerte. « Le parquet de Nice avait alors demandé aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre les atteintes et environnement et à la santé publique (OCLAESP) de se saisir de l’affaire » , précise « Nice matin », qui ajoute que « certains patients, censés être négatifs mais en réalité positifs au Covid, ont notamment continué leur travail malgré le risque de contamination ».
« Parmi les trois personnes concernées, l'une avait été révoquée immédiatement de ses fonctions et les deux autres avaient démissionné sitôt les faits révélés », réagit la société Eurofins Labazur Nice, affirmant d’ailleurs que « les patients concernés ont été à l’époque individuellement contactés selon un protocole établi en concertation avec l'agence régionale de santé ».
Embolisation
Face aux enquêteurs, les trois soignants, âgés de 44, 45 et 74 ans, ont expliqué « qu’ils n’avaient pas pu, alors, traiter l’intégralité d’un important flot de dépistages », indique le parquet niçois, alors que le laboratoire accumulait du retard dans le rendu des résultats.
À l’époque, l’agence régionale de santé de Paca alertait effectivement sur « une embolisation des laboratoires de biologie médicale, rallongeant les délais de rendez-vous et de rendus des résultats ». 100 000 tests par semaine étaient alors réalisés dans la région, mais « les capacités analytiques » des laboratoires n’étaient pas « à saturation », selon l’ARS.
Mis en danger de la vie d'autrui
« Au début de la deuxième vague de la pandémie, les laboratoires font face à un flux de patients colossal, les délais s’allongent et certains vont même jusqu’à harceler le personnel pour obtenir leurs résultats », justifie à « 20 minutes » Me Romain Guérinot, avocat des mis en cause, qui devrait plaider aux côtés du controversé Fabrice Di Vizio, figure des anti-passe.
Prévu pour fin avril, le procès devant le tribunal correctionnel de Nice a été reporté à décembre prochain. Les trois suspects devraient répondre de faux et usage de faux, escroquerie et mise en danger de la vie d’autrui. Les laboratoires Eurofins, ainsi que certains de leurs biologistes se sont par ailleurs constitués parties civiles.
Le préjudice pour la Caisse primaire d’assurance maladie est estimé à 25 000 euros.
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