Manifestations contre la réforme des retraites : les syndicats des agents hospitaliers appellent à la grève

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Publié le 18/01/2023

Crédit photo : AFP

Avant même sa présentation, la CGT Santé avait prévenu qu’elle empêcherait de « mettre en place un projet de retraite régressif dont personne ne veut ». Un mois plus tard, le syndicat appelle les agents de la fonction publique hospitalière (FPH) à faire grève, ce jeudi 19 janvier, pour réclamer la retraite à taux plein à 60 ans pour tous. Mais aussi demander l’abrogation du mécanisme de la décote ou le droit à un départ anticipé avant 60 ans « pour les salariés ayant exercé des travaux pénibles et astreignants ».

Même son de cloche du côté de SNMH-FO qui appelle « tous les pharmaciens, médecins, chirurgiens, odontologistes, internes, étudiants hospitaliers » à se déclarer en grève ce jeudi. Si les médecins ne devraient pas être trop pénalisés par la réforme, notamment les libéraux, ce ne sera pas le cas pour les infirmiers, les aides-soignants et les autres paramédicaux, estime le syndicat.

Inégalités hommes-femmes

Très remontée, l'organisation refuse catégoriquement l'allongement de la durée de cotisation et le recul de l'âge légal de départ. « Les collègues qui comptaient partir en novembre devront attendre février. C’est insupportable pour tous les hospitaliers », poursuit SNMH-FO. Enfin, cette réforme touchera particulièrement « les collègues ayant eu des interruptions de carrières », en particulier les femmes qui seront « trois fois plus impactées que les hommes », estime le syndicat qui exige « la prise en compte de la situation des collègues femmes pénalisées comme femmes et mères ».

Le monde de la psychiatrie est aussi vent debout contre la réforme. Le gouvernement « précarise encore plus une population dont les statistiques nous indiquent qu’elle vieillit de moins en moins en bonne santé », déplore l’Union syndicale pour la psychiatrie (USP).

D’autre part, les troubles musculo-squelettiques et le burn-out, « dont nous connaissons la prévalence au-delà de 55 ans, vont venir encore plus alourdir la fin de vie professionnelle des travailleurs », rappelle le syndicat. Tout cela, dans un contexte où la prévention est « de plus en plus absente des politiques de santé », tandis que les médecins du travail « manquent partout et ont bien souvent peu de marge de liberté par rapport à leur employeur ».

Les infirmiers en colère

Les syndicats infirmiers sont également opposés farouchement à la réforme. Le projet vise à « dégrader la situation » des Français, « y compris pour les métiers pénibles et les carrières longues », enrage le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). La réforme est donc jugée « totalement irresponsable, alors qu’il y a déjà 60 000 postes infirmiers vacants dans les établissements de santé, et que 10 % des soignants sont en maladie, épuisement, dépression, burn-out ».

Le SNPI est d’autant plus en colère qu’il n’y a « plus aucune mesure de pénibilité » pour les infirmières du secteur public, depuis la réforme Bachelot de 2010. Quant au « compte pénibilité » des infirmières du secteur privé, c’est une « usine à gaz inefficace et inadaptée », observe le syndicat. Pourtant, la profession « cumule plusieurs facteurs de pénibilité au travail » : manutention de patients, travail de nuit, travail en équipes successives alternantes, exposition à des agents chimiques.

Triple objectif d'équité pour la FHF

Le mouvement social de jeudi sera observé avec attention par la Fédération hospitalière de France (FHF). Son président a indiqué mardi devant l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis) que « la réforme devrait viser un triple objectif d'équité : un accès à la retraite tenant réellement compte de la pénibilité afin de limiter les risques d'incapacité en fin de carrière, un niveau de pension équivalent à situation profession similaire et un financement pérenne par la solidarité nationale sans dégrader la situation financière des établissements ». Selon la FHF, l'âge moyen de départ à la retraite des agents est de 59,7 ans : 42 % des fonctionnaires hospitaliers partent avant 60 ans contre 23 % pour la fonction publique d'État. En outre, 25 % des agents de services hospitaliers (ASH) et 22 % des aides-soignants (AS) sont en arrêt quatre ans avant leur départ à la retraite.

« La position de la FHF est qu'il est important de prendre en compte la pénibilité et c'est d'autant plus essentiel que les établissements ne parviennent pas actuellement à répondre à l'ensemble des besoins de reclassements professionnels » a insisté Arnaud Robinet. La FHF avait plaidé auprès de la Première ministre pour la création d'un fonds de prévention et de prise en compte de la pénibilité. Cette proposition a été retenue et une partie de l'enveloppe - autour de 100 millions d'euros - devrait revenir à l'hôpital public.


Source : lequotidiendumedecin.fr