[LIVE VIDÉO] Thomas Fatôme, DG de la Cnam : « Nous ne transformerons pas les médecins en fonctionnaires de l’Assurance-maladie »

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Publié le 17/11/2023
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Crédit photo : DR

Lors d’un live video exceptionnel qui s’est tenu ce vendredi 17 novembre dans les locaux du Quotidien du médecin, le directeur général de l’Assurance-maladie, Thomas Fatôme, a répondu aux très nombreuses questions des médecins et lecteurs/internautes du journal. 

L’ouverture des négociations conventionnelles deux jours plus tôt a soulevé de nombreuses questions. Après l’échec précédent, le DG s'est employé à rassurer les troupes : « On ne refait pas le match, on ne refait pas le film ». L’entame de ces négociations s’est faite sous de bons auspices, dans « un climat apaisé ». « On remet un peu les compteurs à zéro. On va essayer de travailler avec une nouvelle méthode, avec plus de transparence », a assuré le patron de la Cnam, organisme qu’il compare à une « maison de verre ». 

Plus loin que les 26,50 euros

Sans s'être fixé de date butoir, Thomas Fatôme fera un point d’étape avant la fin du mois de décembre et espère parvenir à un accord d’ici à la fin du mois de janvier. « Très clairement, on ne joue pas la montre, a-t-il précisé. On va essayer d'être ambitieux dans la négociation, mais il y aura un accord sur tout où il n’y aura d'accord sur rien. »

Sur la question qui préoccupe le plus les médecins — l’augmentation du C —, Thomas Fatôme a insisté sur sa volonté d’aller « plus loin que les 26,50 euros ». « Nous avons bien en tête l'impact de l'inflation. Il est réel pour les médecins comme dans d'autres professions. Il est logique que les lettres clés s'ajustent, s'adaptent, augmentent, même si d'autres formes de rémunération sont possibles. »

« Créer l’envie de continuer »

Pour autant, cet investissement n'est pas sans contrepartie. La démographie médicale étant ce qu’elle est, Thomas Fatôme n’a d’autres choix que d'exhorter les médecins déjà en exercice à travailler « un peu plus longtemps ». « La France compte entre 12 000 et 13 000 médecins libéraux qui font du cumul emploi retraite. Et vraiment, nous avons besoin d’eux et de ce dispositif. Notre objectif est de définir les conditions qui feront que les médecins seniors en exercice n’arrêtent pas leur activité et acceptent de travailler six mois de plus. Nous ne forcerons personne et nous ne transformerons pas les médecins en fonctionnaires de l’Assurance-maladie, mais nous voulons créer l’envie de continuer à exercer la médecine. C’est un sujet très très important ». Le DG l’exprimera à plusieurs reprises : « L’attractivité, c’est le sujet number one ».

Inciter sans contraindre. C’est sur cette ligne de crête que vont se jouer une partie des négos. Le patron de la Cnam le sait et a prévenu les lecteurs du Quotidien : « La Cnam ne prévoit pas de contrainte à l’installation ni de forcer les médecins à exercer dans certains endroits et pas d’autres. C’est une question de confiance vis-à-vis des médecins libéraux. Ce ne serait pas un bon signal à leur envoyer. Il n’y aura donc pas de conventionnement sélectif dans la discussion conventionnelle. »

« Je suis né à Cherbourg, je sais ce qu'est un désert »

Parfois attaqué pour son côté « techno » de haut fonctionnaire de l'État, Thomas Fatôme a joué la carte de la proximité avec son auditoire : « Je veux donner envie aux médecins de découvrir ces territoires [reculés et sans praticien, NDLR]. Vous savez, moi, je suis né à Cherbourg, dans la Manche. Je sais ce qu'est un désert médical. Et je sais aussi que, quand on donne envie de découvrir des pays magnifiques comme la Manche, comme Cherbourg, cela donne tout simplement envie aux gens de rester sur place. »

Autre sujet d'importance pour le corps médical : les « lapins », ces rendez-vous non honorés par des patients indélicats. Thomas Fatôme assume y « aller cash » sur ce sujet. Un rendez-vous médical non honoré, « c'est un geste contre l'Assurance-maladie, contre la solidarité du système. On voit des gens qui considèrent la médecine libérale comme un bien de consommation et finalement, ils prennent trois rendez-vous, ils se rendent à l'un sans annuler les deux autres, c'est insupportable ! » Le sujet, qui fait grand débat au Sénat, s'invitera-t-il à la table des négociations ? Pour une fois dans le live, Thomas Fatôme est resté flou. « Nous sommes au début de la négociation, nous verrons si nous abordons ce sujet ou pas, y compris au regard des évolutions législatives ». 


Source : lequotidiendumedecin.fr