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Dossier

Incontournables médecins traitants!

Pourquoi le taux de recours aux généralistes ne cesse d’augmenter

Publié le 07/03/2014
Pourquoi le taux de recours aux généralistes ne cesse d’augmenter


MOMENTIMAGES / BSIP

Cela tient un peu du paradoxe. Alors que la crise démographique que connaît la profession n’a jamais paru aussi forte, la population semble recourir de plus en plus au médecin généraliste. Parallèlement, de récents sondages confirment que la cote de confiance du médecin de famille atteint des sommets. Qui dit mieux !

Jamais sans mon médecin traitant ! Voilà un sondage qui – quoique commandé par une association de pharmaciens – devrait mettre du baume au cœur des généralistes… À moins que la dépendance croissante de la population à leur « docteur » ne finisse à la longue par affoler ces professionnels surmenés… À en croire cette enquête IFOP réalisée pour le groupement PHR, le Français serait, en effet, souvent chez son généraliste, puisqu’il s’y rendrait à peu près une fois par trimestre, avec une moyenne de 4,3 rendez-vous par personne dans l’année en 2013. Une fréquence de recours qui fait sûrement de ce dernier un des professionnels de santé les plus en contact avec les assurés. D’autant que, si on ajoute les consultations pour des proches ou pour ses enfants (3,3 fois par an en moyenne), c’est en réalité au moins une fois tous les deux mois que le citoyen lambda pousse la porte de vos salles d’attente.

Deux fois plus de visites que chez le spécialiste

On va plus souvent chez le généraliste, à peu près deux fois plus que chez un spécialiste (2,1 fois par an, selon l’IFOP). Et surtout, on y va plus souvent qu’avant. Selon les données de la base éco-santé de l’IRDES, le Français des années 1980 consultait son généraliste deux fois par an, celui des années 1990 trois fois par an et, dans les années 2000, on tournerait donc autour de quatre fois par an.

L’instauration du parcours de soins en 2005 et la très forte augmentation du reste à charge de l’assuré sur le hors parcours de soins à partir de 2009 explique sans doute ce plus fréquent recours dans la première décennie du XXIe siècle. Même s’il faut relativiser cette évolution par la baisse du nombre de visites dans le même temps.


Le capital confiance des patients envers les médecins généralistes ne se dément pas, d'année en année et d'enquete en enquete

La crise économique depuis deux ans pourrait aussi amplifier ce mouvement vers un généraliste moins cher et surtout mieux remboursé que ses confrères spécialistes. Les résultats des sondages IFOP/PHR de ces trois dernières années pourraient le laisser penser puisqu’on passe de 3,5 séances de généralistes par adulte en 2011 à 4,3 en 2013. Une évolution qui mériterait, évidemment, confirmation tant il est vrai que l’évolution du poste des dépenses généralistes n’a guère augmenté ces dernières années, hormis en 2013, du fait d’une très longue épidémie de grippe. Pour sa part, le directeur de l’IRDES note : « Dans notre enquête santé protection sociale (ESPS), on retrouve ce chiffre de quatre consultations en moyenne par an et par patient. Ceci dit, d’un point de vue macro-économique, on constate plutôt une baisse des consultations. En période de crise, les gens ont tendance à consulter moins souvent, ce qui aurait dû se traduire par une baisse des consultations. Y a-t-il eu une bascule des spécialistes vers les généralistes? Je n’en suis pas sûr », commente Yann Bourgueil.

Pour l’anecdote, on relèvera d’ailleurs, si l’on en croit les ventilations de l’IFOP, que les personnes sans mutuelles (5,2) recourent plus volontiers au généraliste que ceux qui en bénéficient (4,3). Et, bien sûr, que plus on vieillit, plus on a besoin de ce praticien : 5,1 séances par an passé 65 ans versus 3,5 chez les 18-24 ans. Une tendance confirmée par les derniers chiffres de la Drees (Comptes de la santé 2012) qui montrent que les plus de 75 ans ont recours au généraliste en moyenne huit fois par an (dont cinq consultations et trois visites).
 

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Un point de passage obligé

Reste que, si le généraliste est si souvent consulté, c’est aussi parce qu’il est, plus que jamais, un point de passage incontournable pour ses patients. En effet, selon le sondage IFOP/PHR, 89 % des Français concèdent que leurs dépenses de santé sont systématiquement (40 %) ou souvent (49 %) liées à une -consultation médicale. Dans le même sens, le dernier baromètre Deloitte/IFOP révèle que les 3/4 des Français se fient aux conseils de leur médecin traitant pour choisir un hôpital.

D’ailleurs, quand on les interroge sur leur façon de s’informer sur les questions de santé ou sur tel ou tel traitement le généraliste fait un tabac, cité respectivement par 78 % et 69 % des sondés IFOP/PHR sur ces deux items. Même à l’heure du web tout puissant, la Toile est 20 à 30 points derrière le médecin de famille en matière d’informations fiables sur la santé !

Quant au pharmacien, il est un contact presque à égalité avec le généraliste si c’est pour parler médicament (64 %), mais il est complètement distancé lorsqu’il s’agit d’évoquer les questions de santé en général (43 %). Décidément, les assurés ne se trompent pas d’interlocuteur : plus volontiers que vers l’officinal, ils se tourneront vers le médecin de quartier pour ajuster un traitement (6 % vs 94 %), obtenir des conseils pour un renouvellement d’ordonnance (30% vs 70 %) ou évoquer les effets secondaires d’un médicament (30 vs 70 %).
 

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Mais gardons le meilleur pour la fin. Avez-vous confiance en votre généraliste ? Oui, répondent 97 % (57 % tout à fait et 40 % plutôt) des personnes interrogées par l’IFOP. Un capital confiance extrêmement élevé qui, année après année, enquête après enquête, ne se dément jamais. La même enquête IFOP arrêtait le curseur à 97 % en 2012 et à 96 % en 2011. En avril dernier, le Baromètre du Collectif de patients CISS établissait que 94 % des patients faisaient confiance aux généralistes. Une cote qu’un sondage Viavoice-Pasteur Mutualité établissait le mois précédent à 92 %. Dans ce contexte, on ne s’étonnera pas que 84% des Français, selon le baromètre Deloitte publié cette semaine, fassent du rôle central dévolu au médecin traitant un axe majeur de réforme.