À Ychoux, petit village des Landes, il sera bientôt interdit d'être malade ! En raison du départ prochain à la retraite des deux généralistes de la commune et en l'absence de remplaçants, le maire, Marc Ducom (PS), s'apprête à prendre « un arrêté pour interdire aux habitants d'être malades ». Avec cette décision symbolique, en forme de boutade, le maire espère faire le buzz et alerter « [les] responsables pour qu'ils prennent conscience du problème ».
« L'État laisse la maladie envahir nos campagnes, s'indigne l'édile. Nous avons écrit aux Ordres départementaux de médecins, aux hôpitaux, aux facultés… Hélas, nous n’avons reçu aucune réponse. » Et Marc Ducom de prévenir : « Si nous ne parvenons pas à trouver un successeur à nos médecins, les malades devront parcourir des kilomètres pour aller consulter les médecins des communes voisines, qui sont déjà débordés et refusent des patients. »
Les patients inquiets
Construite en 2008, la maison de santé d'Ychoux, qui a coûté 1,2 million d’euros à la commune, sera bientôt dépourvue de médecin. Et les patients – dont beaucoup sont âgés – sont inquiets. « Comment allons-nous faire s’il faut se rendre à Biscarrosse, Parentis ou Pissos pour une consultation ? », demande Mauricette, 87 ans, qui se déplace à l’aide d’une canne. « Si les deux généralistes ne sont pas remplacés, ça sera une catastrophe car dans certains cas, il faudra se rendre à l’hôpital d’Arcachon ou de Bordeaux, à plus d’une heure de route », renchérit Fabien, 42 ans, attaché commercial dans une entreprise locale, qui accompagne son père malade.
Pas d'aides à l'installation dans le secteur
Malgré la situation, la carte du zonage de l'ARS ne définit pas le secteur comme un désert médical. « Par conséquent, les jeunes médecins préfèrent reprendre un cabinet ailleurs afin de profiter des aides à l’installation versées par l’État », estime le maire d'Ychoux.
« Pourtant, ici, le travail ne manque pas ! », s'exclame le Dr Pierre Marsaud, l’un des deux généralistes de la maison médicale communale, qui a finalement décidé de repousser son départ à la retraite à la fin 2019. Le praticien estime ainsi recevoir jusqu’à 60 patients par jour.
Pour un professionnel de la santé installé dans le secteur d’Ychoux, qui veut rester anonyme, « la publicité faite par le maire autour de cette histoire risque d’être contre-productive. Les jeunes médecins vont fuir devant des patients si nombreux, et Ychoux va se retrouver sans médecin généraliste ».
Dans les commerces du village, des affichettes estampillées mairie demandent également aux habitants de faire jouer le bouche-à-oreille pour trouver un médecin. À Ychoux, l'urgence est réelle. D'autant que dans les communes voisines, six autres médecins approchent eux aussi de l’âge de la retraite.
Avec AFP
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