Brève

David Gruson : « Téléconsultations, nous resterons sur des chiffres très supérieurs à la période d'avant la crise »

Par
Publié le 09/07/2020
Comme le télétravail pour les salariés, la télémédecine a été souvent l'unique recours pour garder le contact avec les patients pour les médecins des hôpitaux comme les libéraux et cela dans toutes les spécialités. Ce qui a provoqué un bond quantitatif dans les usages numériques pour la plus grande satisfaction des plateformes, dont la société Jouve. Entretien avec son représentant santé, David Gruson.
David Gruson

David Gruson
Crédit photo : DR

Pourriez-vous nous présenter la société Jouve ?

Jouve est une entreprise du numérique à capital 100 % français dont les datas centers se trouvent sur le territoire national. Cette société possède deux compétences : d'abord l'entrée en rotation (onboarding) des Français avec la carte Vitale pour le compte du GIE Sesam Vitale : nous traitons numériquement toutes les demandes de carte Vitale et leurs modifications du point de vue de la gestion de l'identité des patients en appliquant nos algorithmes sur les documents d'identité et de cartes Vitales.

Ensuite, Jouve est le leader des ouvertures de comptes bancaires en ligne : quand une personne ouvre un compte ou réalise une opération financière, sa carte d'identité et un justificatif de domicile lui sont demandées. Nos algorithmes sont alors appliqués sur ces documents pour appliquer une garantie humaine du processus.

A mon arrivée il y a un an chez Jouve, ces deux dispositifs m'ont donné l'idée de créer un troisième dispositif d'automatisation de l'admission. Dans cette optique, deux établissements pilotes ont été sélectionnés, le premier à Valenciennes et le second pour le Groupement des hôpitaux de la Catho de Lille six mois avant la crise.

Puis est arrivée la Covid. Nous avons alors échangé et obtenu un référencement avec le ministère de la Santé ainsi qu'un référencement d'urgence avec la centrale d'achat hospitalière Resah d'une version de première étape de notre solution qui permet de gérer l'admission de patients à distance. Le processus repose sur la reconnaissance d'images par l'IA avec la photographie de la carte d'identité, la carte Vitale et la carte de mutuelle du patient. Ces photos sont déposées sur un lien du site Internet de l'hôpital. L'IA prend alors le relais et vérifie l'identité du patient, la conformité des documents et ceux-ci sont ensuite transmis via l'hébergement sécurisé des données de santé à l'équipe d'admission de l'hôpital.

Quelles ont été les conséquences de la crise sanitaire en matière d'avancées numériques ?

La crise sanitaire crée des effets d'accélération du rythme du changement. Certains établissements dans lesquels Jouve se déploie étaient jusqu'ici très à distance des sujets numériques. En trois jours ils se sont dotés de notre dispositif et sont passés à des taux très élevés d'admissions en ligne.

Quid des publics qui ne sont pas équipés ou déconnectés du sujet numérique ?

Concernant les publics qui restent à distance du numérique, la réponse de Jouve a été de deux ordres : d'abord, le canal d'admission numérique est un canal parmi d'autres, même si le taux d'admission peut être très substantiel.

Ensuite il faut avoir des modalités d'assistance auprès de ces personnes éloignées du numérique. C'est pourquoi Jouve a mis en place un partenariat avec le groupe Santé Mobilité Services qui est une société de transport sanitaire qui se trouvait confrontée à la même nécessité de gérer la distanciation physique pour leurs transporteurs.

Quelle procédure a été mise en place ? le transporteur prend la photo du patient, ce qui évite la procédure d'admission physique aussi bien pour le patient que pour le transporteur. Cette photo est ensuite transmise et traitée par notre appli.

Combien d'établissements ont-ils adopté votre appli ?

On est passé à une trentaine d'établissements en quelques semaines et on aura sans doute un doublement d'établissements dans le prochain trimestre. Pour les deux tiers de nos 30 clients établissements, le développement de la téléconsultation représentait un fort stimulus très fort de déploiement de notre solution.

Quelles seront les suites de ces avancées numériques après la crise ?

La crise a accéléré le déverrouillage entamé en novembre 2018, date de l'entrée dans le droit commun de la télémédecine. Il nous faudra préserver cet acquis structurel et garder une approche qui nous permette d'avoir une vision un peu plus large des usages. En phase de crise aiguë, nous avons mis en oeuvre dans des outils de droit commun des applis de type what's app qui auront à être régulées plus fortement par la suite. Il nous faudra très vite dresser un état des lieux des usages pour deux raisons : la protection des outils et la nécessité de conserver une capacité de pilotage par des outils numériques propre à la France et à l'Europe (souveraineté numérique). Il ne faut pas considérer la télémédecine comme un mode unique de prise en charge. Pour autant, même si les chiffres de télémédecine vont diminuer avec la fin de la crise, nous resterons sur des chiffres très supérieurs à la période d'avant la crise.


Source : lequotidiendumedecin.fr