Le prix Nobel de la paix 2018 est candidat à une élection présidentielle. Le Dr Denis Mukwege, connu mondialement pour son action en faveur des femmes violées, a annoncé lundi 2 octobre à Kinshasa sa candidature à la présidentielle de décembre prochain en République démocratique du Congo (RDC). « J'accepte d'être votre candidat à la présidence de la République », a lancé le célèbre gynécologue de 68 ans, dans une allocution prononcée devant des centaines de personnes enthousiastes rassemblées dans une salle de conférence.
Un pays qui va mal
« Notre pays va très mal », a dit dans son discours « l'homme qui répare les femmes », son surnom hérité d'un documentaire qui lui a été consacré, avec des mots très durs pour décrire « la crise » en RDC, sur les plans sécuritaire, politique ou des droits de l'Homme, avec de multiples arrestations d'opposants et journalistes ces derniers mois.
« Nous ne pouvons pas attendre pour agir (...), demain ce sera tard, c'est aujourd'hui, c'est pourquoi je suis prêt et que j'y vais maintenant », a-t-il martelé, en se décrivant comme « un citoyen révolté ».
Il rejoint une liste déjà longue d'opposants qui comptent affronter le 20 décembre prochain le chef de l'État sortant, Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019 et candidat à sa réélection.
À Paris le 9 octobre au congrès de la Figo
L'allocution à Kinshasa de Denis Mukwege a été retransmise en direct dans deux salles de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, à l'autre bout de l'immense pays d'Afrique centrale, où son annonce a été longuement applaudie. C'est là que depuis 1999, dans sa clinique du quartier périphérique de Panzi, le docteur et son équipe prennent en charge des femmes victimes de viols utilisés comme arme de guerre dans cette partie orientale de la RDC en proie aux violences de groupes armés et rébellions depuis près de 30 ans.
Cette « guerre sur le corps des femmes » continue encore aujourd'hui et s'étend de plus en plus souvent aux enfants, voire aux nourrissons, constatait-il récemment. Depuis des années, en RDC comme lors de ses déplacements à l'étranger, il déplore l'impunité, réclame un tribunal international et plaide pour une « justice transitionnelle » pour panser les plaies des populations meurtries.
Le Dr Mukwege sera présent lundi 9 octobre prochain au congrès mondial de gynécologie et d'obstétrique (Figo), ayant lieu cette année à Paris.
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