« Pendant la crise, les hôpitaux ont trouvé des nouveaux parcours en Allemagne. Il y a eu une volonté inédite de coopérer entre les secteurs privé et public. Les établissements de santé ont été très réactifs pour se mettre en réseau pendant cette crise », explique Saskia Wegner de la Fédération hospitalière allemande lors d'une session dédiée à la réorganisation hospitalière suite à la Covid.
Listes d'attente de soins non urgents
Et Elise Graham, conseillère santé, Ambassade du Royaume-Uni, d'enfoncer le clou : « La Covid a révélé les problèmes chroniques de notre système de santé. » Dans ce pays qui a un système de santé universel et gratuit, les listes d'attente pour les soins non urgents s'allongent. Alors que 7 millions de personnes ne se sont pas soignées pendant la pandémie, ce chiffre pourrait s'aggraver et passer à 13 millions si rien n'est fait. Le Danemark a un système de santé qui a bénéficié de nombreuses réformes, notamment celle de 1981 qui a vu le nombre d'hôpitaux passer de 128 à moins de 50. Pour autant, la crise a aussi secoué ce pays modèle qui a une population seulement de 5 millions d'habitants. Anne Smetana, conseillère santé, ambassade du Danemark, déplore que pour la première fois les infirmières abandonnent la profession et que dans deux régions sur cinq on manque déjà de médecins généralistes. « Dans un pays basé sur le welfare comme le nôtre, les inégalités sociales augmentent fortement, ce qui est difficile à admettre. »
Surréglementation française
Les Français ne sont pas mieux lotis selon François-René Pruvot, président du Conseil scientifique de l’investissement en santé : « L'Hexagone est le seul à s'être payé en même temps la crise et une réforme de structure (Ma Santé 2022). Dans notre pays qui a un goût immodéré pour la centralisation, il a fallu deux ans pour aboutir à une relation équilibrée entre les médecins et les manageurs hospitaliers. » Outre l'évocation des excès de réglementation, le professeur qui fait l'éloge de notre capacité à repenser les unités de soins intensifs, souligne « le poids de la permanence des soins qui a trop pesé sur les urgences ».
Santé publique, aiguillon
Selon Laurent Chambaud, directeur de l'EHESP, « cette crise de santé publique s'est transformée en une crise sociétale. Ce qui m'inquiète, c'est que la santé publique ne s'est pas fait entendre non plus au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. » En effet, souligne le directeur de l'école, la prévention ne représente que 3 % du champ de la santé. Et d'insister sur le rôle des collectivités locales auxquelles devrait être dévolu l'aiguillon de santé publique.
Sera-t-il entendu lors des Etats généraux de la santé à venir ?
* Organisations hospitalières revisitées par le Covid, mardi 17 mai, 14H-15H30.
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