La mesure portée par l’eurodéputée Karima Delli (Les Verts) et présidente de la commission des transports n’a pas trouvé grâce auprès de ses homologues du Parlement européen. L’instauration d’un examen médical pour mesurer l’aptitude physique et mentale des conducteurs reste, pour l’heure, à la discrétion de chaque État membre. Ainsi en a décidé le Parlement européen qui se prononçait le 28 février sur le rapport de la directive sur le permis de conduire.
Ce dernier préconisait que les précieux documents ne soient valables que quinze ans pour les motos, voitures et tracteurs et cinq ans pour les camions et les bus. À l’issue de ces périodes, un bilan de santé aurait été obligatoire pour renouveler le document autorisant la conduite de ces véhicules.
Fin des permis tracteurs
Les exploitants agricoles, eux, peuvent définitivement souffler. « Il n’y aura plus de permis tracteurs pour les agriculteurs » au sein de l’Union européenne indique Karima Delli. Qui, dans la décision des parlementaires, préfère voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. En effet, si l’obligation d’une visite médicale en matière de permis de conduire a été écartée, les parlementaires ont toutefois « invité les États membres » à se pencher sur la question. Pour rappel, des bilans médicaux sont déjà obligatoires dans 14 pays de l’Union, comme en Espagne ou en Grèce (à partir de 65 ans).
Manque de courage politique
Il n’empêche. « Il y a un manque cruel de courage politique », regrette Pauline Déroulède, qui a défendu le texte aux côtés de Karima Delli. La championne de tennis-fauteuil, qui a perdu sa jambe gauche en 2018 après avoir été renversée par un automobiliste de 90 ans, milite depuis pour ces tests d'aptitude à la conduite.
Pour autant, le texte adopté mercredi inclut des mesures concrètes. En l’occurrence, une période probatoire de deux ans pour les conducteurs débutants qui seront, de plus, soumis à des limites strictes en matière d'alcool au volant (jusqu'à 0,2 g/l).
Feu vert a aussi été donné à la création d’un permis de conduire numérique, disponible sur le téléphone portable. Mais pour être adoptées définitivement, ces mesures doivent aussi passer l’épreuve du vote du Conseil de l’Union européenne.
« Le vote des eurodéputés refusant une obligation européenne uniforme de visite médicale d’aptitude à la conduite à partir d’un certain âge est une décision sage », conclut le Dr Dominique Richter, président du Syndicat des médecins agréés pour le contrôle médical d’aptitude à la conduite (Smacmac). « Les études montrent en effet que ce n’est pas l’âge élevé des conducteurs qui est le facteur premier de dangerosité au volant. L’accidentologie dans la tranche d’âge 18-24 ans est plus importante que chez les seniors », relève le praticien, qui fait partie des quelque 4 000 médecins à faire passer l’examen médical, obligatoire celui-ci, aux chauffeurs de bus et de poids lourds tous les cinq ans, après obtention du permis. Une obligation qui ne s’appliquera donc pas aux détenteurs français du permis B. Pour l’heure.
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