170 millions d’euros pour accélérer dans la prévention en santé, un appel à projets innovants déjà lancé

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Publié le 29/08/2024
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Dans le cadre du volet santé de France 2030, l’exécutif va consacrer 170 millions d’euros à une stratégie mobilisant l’innovation au service de la prévention. Elle s’articulera autour de trois axes : recherche, démonstration de la valeur et industrialisation. Un premier appel à projet est ouvert.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Est-ce enfin la révolution de la prévention promise par Emmanuel Macron ? Le gouvernement semble en tout cas accélérer sur le terrain en lançant une stratégie dédiée à l’innovation dotée de 170 millions d’euros dans le cadre du volet santé de France 2030 (intitulé Innovation Santé 2030). L’Agence de l’innovation en santé (AIS) sera aux manettes en lien avec plusieurs ministères (Bercy, Travail et Santé, Enseignement supérieur) et le secrétariat général pour l’investissement.

En cohérence avec l’approche dite « Une seule santé » (« One Health ») et avec les objectifs de santé publique de la stratégie nationale de santé, ce plan s’inscrit dans une approche intersectorielle des déterminants de santé des populations dans leurs environnements de vie, qu’il s’agisse de l'école, du travail/entreprise, de la famille et des lieux de vie, précise l’Agence de l’innovation en santé.

Efficacité démontrée en vie réelle, la clé absolue

L’objectif est cette fois de soutenir le développement de dispositifs innovants « dont l’efficacité est démontrée », intégrant des produits et technologies de santé, issus de collaborations entre les secteurs de la santé, de la recherche et des industriels. Tout cela au service de la prévention et des objectifs de santé publique.

« L’objectif est de proposer une prise en charge préventive des patients pour améliorer le dépistage, prévenir les maladies et éviter leurs complications, a précisé mercredi devant la presse Lise Alter, directrice de l’Agence de l’innovation en santé. Nous misons particulièrement sur l'intelligence artificielle pour développer une médecine plus prédictive, personnalisée, et basée sur des preuves, tout en intégrant rapidement les patients dans des parcours de soins adaptés ». Pour Philippe Guilbert, de la Direction générale de la santé, « il y a un enjeu à la fois sanitaire et médico-économique à investir dans cette prévention », dans la mesure où les grandes pathologies – cancers, maladies cardiovasculaires, maladies chroniques – « premières causes de mortalité et morbidité, couvrent une grande partie des dépenses d’Assurance-maladie : on arrive en cumulé à plus de 50 % ».

Infertilité, santé de l’enfant, etc. : un appel à projets lancé

L’axe principal à ce stade porte sur la « démonstration de la valeur » des innovations en vie réelle (100 millions d’euros) avec un « challenge prévention » qui fera l’objet de plusieurs relèves dont quatre sont programmés d’ici à 2026 (la première aura lieu le 10 décembre).

Opéré par Bpifrance pour le compte de l’État, ce premier appel à projets vise « à mobiliser l'innovation au service de la prévention afin d’améliorer l'état de santé et la qualité de vie des citoyens, en cohérence avec la stratégie nationale de santé 2023-2033 ». L’objectif est ici de faire émerger des modèles économiques durables autour d’enjeux de santé publique comme la lutte contre l'infertilité, la santé de l'enfant, la santé mentale, la prévention de la perte d'autonomie, les maladies chroniques, la promotion de comportements favorables à la santé, la vaccination, la prévention des maladies infectieuses et les maladies rares. Les projets, « de préférence portés par des consortiums » (public/privé), devront intégrer des technologies ou des produits de santé innovants et être accompagnés d’un protocole détaillé démontrant leur valeur apportée en vie réelle. Les projets (dispositifs médicaux, logiciels, traitements prophylactiques, etc.) qui seront sélectionnés bénéficieront d'un financement pour une durée allant d’un à quatre ans maximum, avec un budget prévu « entre 5 et 10 millions d'euros ». La volonté de l’exécutif est de promouvoir des innovations significatives touchant une population suffisante et un territoire assez large.

Les deux autres axes de cette stratégie concernent d’une part la recherche (50 millions d’euros) avec un programme piloté par l’Inserm pour approfondir la compréhension des facteurs environnementaux sur la santé au sens large (chimiques, biologiques, physiques, comportementaux, etc.) ; et d’autre part l’industrialisation (20 millions d’euros) avec là aussi un appel à projets (afin de développer des technologies permettant de sécuriser sur le territoire les filières industrielles d’intérêt dans les domaines du diagnostic et du dépistage).


Source : lequotidiendumedecin.fr