Le maire d’Hallencourt (Somme), Frédéric Delohen, est toujours sous le choc. Il y a un mois, le seul médecin généraliste à temps plein du village de 1 400 habitants, le Dr Antoine Martin, l’a informé de son départ après seulement dix-huit mois d’installation. « Nous avions eu du mal à le trouver. Pour l’accueillir, j’ai demandé à la population vieillissante de faire l’effort de changer de médecin traitant. Aujourd’hui, ces gens se retrouvent le bec dans l’eau », confie au Quotidien l’édile. Le maire avoue son incompréhension. Dans cette commune rurale, écoles, commerces, pharmacie, boulangerie… rien ne manque. « Je suis déçu car je pensais que le jeune médecin allait rester dans la durée », poursuit l’édile qui affirme avoir tout fait pour faciliter les conditions d’exercice du praticien.
Locaux gratuits pendant un an puis loyers modérés de 350 euros par mois… « J’ai l’impression d’avoir répondu à ses demandes. Si le docteur part, c’est parce qu’il n’a pas trouvé ce qu’il voulait ici sur place. Mais peut-être que je n’ai pas compris ni mesuré la façon dont il voulait fonctionner », ajoute le maire. Pour l’heure, les recherches d’un nouveau médecin sont déjà lancées. « Il va falloir expliquer pourquoi ça n’a pas fonctionné. Ça fait partie des craintes que j'ai, moi, aujourd'hui. Est-ce que ça ne va pas nous desservir ? » confie-t-il.
Pour ne pas rater ce recrutement, Frédéric Delohen compte bien faire comprendre aux futurs candidats les besoins de la population et les spécificités d’un exercice à la campagne. « Quand on est en milieu rural, il y a certaines obligations comme les visites ou les gardes », ajoute-t-il.
Élu depuis dix ans à la tête de la mairie, il a fait de la lutte contre le désert médical l’un de ses combats. Mais malgré cet échec dont « la responsabilité est partagée », Frédéric Delohen refuse toute solution contraignante. « Je ne suis pas favorable à obliger les gens à s’installer. Nous devons rendre attractifs nos territoires pour que les médecins viennent », ajoute-t-il. Sollicité sur les motifs de son départ, le Dr Martin n’a pas voulu répondre au Quotidien.
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