Avant de s’exprimer, certains devraient se renseigner… C’est en tout cas un conseil qu’adresse l’Ordre des médecins (CNOM) à Jean-François Mayet, sénateur de l’Indre (Les Républicains). L’institution réagit aux propos de l’élu pour qui l’une des causes de la désertification médicale tient à « la féminisation (de la profession) puisque 75 % des nouveaux diplômés sont des femmes. Or nonobstant l’égalité, elles sont quand même là pour faire des enfants. » Une analyse de la démographie médicale qu’il a exposée mercredi dernier, alors que la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat examinait le projet de loi Santé.
Au cours de la même réunion, Hervé Poher, sénateur apparenté socialiste du Pas-de-Calais, a également livré quelques réflexions personnelles « au sujet des effectifs médicaux ». « Les jeunes médecins n’ont pas la même mentalité que leurs aînés : ils n’acceptent plus de travailler 18 heures par jour. Qui pourrait le leur reprocher ? », s’interroge cet ancien généraliste. Qui n’hésite pas à poursuivre, s’excusant par avance « de faire réagir mais il faut dire que la féminisation de la profession pose aussi un vrai problème ».
Des deux interventions, seule la première est relevée par l’Ordre. « Ce genre de propos, déjà condamnables par leur caractère sexiste, démontre la méconnaissance forte de la part du sénateur Jean-François Mayet de la réalité dans les territoires », juge ainsi le CNOM, considérant que « la féminisation de la profession, loin d’être une difficulté, est un fait incontestable ». Et, sans manquer de bon sens, l’Ordre d’ajouter que « les difficultés à concilier vie professionnelle et vies privées pointées par le sénateur Jean-François Mayet, sont des difficultés rencontrées par les hommes comme par les femmes ». Quant à une baisse du temps consacré à la vie professionnelle, le CNOM souligne qu’il s’agit d’ « une évolution de fond des nouvelles générations de médecins qui n’est absolument pas limitée à un genre particulier ».
« Un festival d’incompétence, de bêtise et de sexisme. » C’est ainsi que le SNJMG, syndicat national des jeunes médecins généralistes, a qualifié pour sa part les propos tenus mercredi dernier au Palais du Luxembourg. Au-delà d’un éventuel effet récréatif qu’ils pourraient procurer aux « amateurs du café du commerce », le syndicat regrette que « cette parodie de débat » soit « susceptible de polluer la vraie réflexion que méritent ces sujets importants ».
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