La Première ministre Élisabeth Borne a déclenché vendredi une nouvelle fois l'article 49.3 de la Constitution à l'Assemblée nationale, pour obtenir l'adoption définitive, sans vote, du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024.
Suivant une chorégraphie devenue habituelle, ce 20e recours au 49.3, devant un hémicycle quasiment désert, a suscité en riposte l'annonce d'une nouvelle motion de censure par le groupe LFI. Elle sera cosignée par des députés des autres groupes de gauche, ont indiqué les Insoumis. Son examen est prévu lundi matin, et son rejet attendu vaudra adoption définitive du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. « C'est un budget de 640 milliards d'euros pour notre modèle social, ce sont des moyens en hausse pour notre santé, pour l'autonomie des personnes âgées et des personnes en situation de handicap », a fait valoir Élisabeth Borne.
Le déficit de la Sécu, désormais estimé à 8,7 milliards pour 2023, atteindrait 10,5 milliards toutes branches confondues en 2024 (contre 11,2 milliards dans le texte initial) selon les dernières estimations du gouvernement. Les comptes sont notamment plombés par la hausse des dépenses de l'Assurance-maladie. Le gouvernement prévoit de les contenir à +3,2 %, grâce à des mesures d'économies portant notamment sur les dépenses en médicaments, des laboratoires d'analyse ou encore les arrêts maladie.
Crispations
Certaines crispent les oppositions, à l'instar de la possibilité de suspendre les indemnités d'un assuré quand un médecin mandaté par l'employeur juge son arrêt de travail injustifié. D'autres sont plus consensuelles, comme la gratuité des préservatifs pour les moins de 26 ans ou encore le remboursement des protections périodiques réutilisables pour les femmes de moins de 26 ans.
Dans la matinée, le Sénat dominé par la droite avait rejeté sans surprise ce budget en nouvelle lecture. La chambre haute a pu examiner le texte en entier, et même l'adopter en première lecture en le remaniant très largement mais le gouvernement a rejeté la plupart de ses ajouts.
Un sujet épineux a marqué les débats parlementaires : la hausse envisagée des franchises médicales. L'exécutif a accepté le principe, voulu par le Sénat, de solliciter l'avis des commissions des Affaires sociales du Parlement avant toute modification des montants. Le doublement du reste à charge des assurés pour les médicaments (actuellement 50 centimes par boîte) et les consultations (un euro) demeure une piste envisagée par le gouvernement.
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