Un an et puis s’en va. François Braun a été remplacé par Aurélien Rousseau au ministère de la Santé à l’occasion du remaniement ministériel annoncé cette semaine. Quel est le bilan de l’ex-ministre ? Comment les médecins jugent-ils son action, tout juste un an après sa nomination ?
« Le Quotidien » avait posé ces questions à ses lecteurs quelques jours avant l’annonce de son remplacement. Les professionnels de santé étaient invités à noter leur ministre sur son action dans 5 dossiers. Près de 900 d’entre eux ont répondu à cette enquête en ligne réalisée du 8 au 18 juillet 2023 (*).
Verdict : les médecins ne regretteront pas le départ de leur confrère. Avec une note globale de 2,1/10, François Braun fait moins bien que son prédécesseur Olivier Véran, noté 3,3/10 après un an d’exercice au pouvoir. Même dans le dossier moins polémique de la prévention, le ministre ne recueille pas l’assentiment de ses confrères.
Défouloir
Comment expliquer un tel désaveu ? Dans les témoignages que nous avons recueillis, il est clair que l’urgentiste cristallise à lui seul le mécontentement des médecins accumulé depuis des années. Il paye l’échec des négociations conventionnelles, l’espoir déçu d’une revalorisation tarifaire significative et la situation toujours catastrophique à l’hôpital.
Surtout, il n’a pas démontré qu’il avait perçu et compris le malaise de la profession. « Aucune prise en compte de l’état psychologique et physique des libéraux », « ministre sourd, aveugle et amnésique », « peu d'empathie pour l'exercice libéral », « n'a rien voulu comprendre au profond malaise du monde hospitalier et libéral »… les confrères ne sont pas tendres et la critique vire très souvent au défouloir dans un contexte d’exaspération de la profession.
Et pourtant… « Moi, je n’en veux pas à François Braun. Ce serait une erreur de rejeter la faute uniquement sur lui », relativise le Dr Jérôme Marty, interrogé par « Le Quotidien » à la veille du remaniement. Pour le président de l’UFMLS, « le problème, c’est Emmanuel Macron. La santé est devenue le pré carré du président. C’est lui qui décide, le ministre relaie et le directeur général de l’Assurance-maladie exécute. C'est ce qu’on a vu durant les négociations conventionnelles ».
Taper du poing sur la table… ou partir
Le généraliste reconnaît même un certain panache à François Braun, lorsque le ministre est monté au créneau pour s’opposer à la remise en cause de la liberté d’installation au moment de l’examen à l’Assemblée nationale de la loi Valletoux. « Il est allé défendre la médecine libérale avec des mots qui n’avaient jamais été employés par aucun ministre avant lui », rappelle le Dr Marty.
Face au délabrement du système de soins, le syndicaliste appelait à un sursaut de la part du ministre, avant que celui-ci ne soit débarqué : « On le connaît. Il a du courage. Ce qu’on lui demande, c’est de retrouver ce courage, de taper du poing sur la table et d’imposer ses volontés au président. Ou alors de partir. » François Braun n’aura finalement pas eu l’occasion de convaincre ses confrères. C’est désormais à Aurélien Rousseau de faire ses preuves.
(*) Enquête réalisée en ligne. 895 participants, échantillon non représentatif de la population des médecins.
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